Avec une programmation conçue autour de George Benjamin (né en 1960) et d’Alexander Goehr (né en 1932), qui seront tous deux présents à La Meije, le 16ème édition du Festival Messiaen voit le vœu de son directeur artistique réalisé. «Il plusieurs années que je souhaitais inviter Benjamin, explique Gaëtan Puaud, car je savais qu’il était l’élève préféré de Messiaen, qui l’a qualifié de « doué comme devait l’être Mozart jeune ». Peu à peu, j’ai moi-même découvert l’œuvre de Benjamin et j’ai été très impressionné. Après avoir invité Pierre Boulez en 2010, je me suis dit que je pouvais lui lancer une invitation ; il y a répondu favorablement. Benjamin a eu comme second professeur de composition Alexander Goehr, qui avait été élève de Messiaen dans les années 50. Il m’a donc paru intéressant d’explorer la relation entre les trois musiciens. Alexander Goehr est un auteur très peu joué en France – parmi les œuvres de lui programmées cette année au Festival, il n’y aura pas moins de six créations françaises ! »

« J’ai aussi souhaité inviter Benjamin en tant que chef d’orchestre, poursuit Gaëtan Puaud. Il dirigera le London Sinfonietta, un ensemble qu’il connaît bien depuis longtemps car, par le biais d’une commande, celui-ci fut à l’origine d’une de ses premières partitions. Une douzaine d’œuvres de Benjamin seront données au cours d’une édition préparée en concertation avec le compositeur ; la grande journée Benjamin du 3 août sera l’occasion d’entendre, pour la première en France sous la direction du compositeur, sa première œuvre lyrique, Into the Little Hill. L’œuvre a été créée en France en 2006 au Festival d’automne, sous la direction de Franck Ollu, mais ce sera la première fois que Benjamin la dirigera chez nous. Il a choisi pour l’interpréter la soprano Hila Plitmann et la mezzo Susan Bickley, artiste qu’il connaît bien car elle a été la créatrice d’Upon Silence. »

Le Festival de La Meije n’en oublie pas pour autant Messiaen et, parmi les temps forts de l’édition 2013, on relève un prometteur Catalogue d’Oiseaux dont les sept livres sont partagés entre trois fins connaisseurs de la musique du « rythmicien et ornithologue » : Momo Kodama (27/07), Marie Vermeulin (28/07) et Markus Belheim (4/08). On ne résiste pas non plus au Quatuor pour la fin du Temps par Alain Meunier, Anne le Bozec, François Sauzeau et Chiu-Jan Ying, proposé en compagnie d’œuvres d’Alexander Goehr (28/07). Quant au cycle Harawi, interprété par Karen Vouc’h et Vanessa Wagner (30/07) et déjà entendu lors d’une - hélas - unique soirée à l’Opéra Comique en avril, Gaëtan Puaud n’est pas mécontent de rappeler que « c’est à la demande du Festival Messiaen que ces deux artistes ont mis l’ouvrage à leur répertoire. »

La vie du Festival Messiaen ne se limite pas à période estivale. Pour la deuxième année consécutive, un atelier pédagogique élaboré par Gaëtan Puaud, a été proposé en amont au public scolaire. « Nous avons sillonné le département des Hautes Alpes durant la deuxième quinzaine de mai, avec deux interprètes issus du Conservatoire de Briançon. Etant donné qu’Upon Silence de Benjamin, un ouvrage pour mezzo et cinq violes, est programmé au Festival, j’avais choisi la viole comme objet central de l’atelier. 25 écoles ont été visitées, 800 enfants touchés et, à la fin, deux concerts réservés à ces enfants ont eu lieu, à Briançon et à Monêtier-les-Bains. Ça a été un très grand moment ; ce genre d’initiative renforce l’adhésion du territoire au Festival. Et j’avoue que, depuis deux ans, j’éprouve un immense plaisir à effectuer ce travail car la réception des enfants et des équipes pédagogiques est extraordinaire ! »

En des temps budgétairement difficiles de telles initiatives comptent dans le soutien fidèle des collectivités publiques (Drac d’Aix-en-Provence, Conseil régional PACA, Conseil général des Hautes Alpes) au Festival Messiaen. Année Benjamin/Goehr oblige, l’association franco-britannique Diaphonie aura également apporté sa contribution. Quant à Musique Nouvelle en Liberté, son aide s’avère une fois de plus très précieuse. «Ils nous soutiennent depuis des années, se félicite Gaëtan Puaud. Cette fois MNL a passé une commande à Philippe Hurel d’une œuvre pour violon et violoncelle, Trait d’union, une très belle pièce qu’on découvrira sous les archets d’Ophélie Gaillard et Hae-Sun Kang (1/08). » Commande encore, mais à l’initiative du Festival cette fois, Caroline Marçot (née en 1974) a signé un ouvrage pour cinq violes de gambe, Tratti-ritratto, dont l’excellent ensemble Sit Fast donnera la première audition (3/08).

L’édition 2014 de Festival de La Meije est encore en cours d’élaboration, mais on sait déjà qu’un accent particulier y sera mis sur les œuvres de Messiaen écrites pendant la seconde guerre mondiale, et que la musique de Xenakis y tiendra par ailleurs une place de choix.

Alain Cochard

16ème Festival Messiaen au Pays de la Meije
Du 27 juillet au 4 août 2013
La Grave, Briançon, Monêtier-les-Bains
www.festival-messiaen.com

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