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64ème Festival de Musique de Menton - Entre tradition et modernité
Chef de l’Orchestre Classica Italiana de Turin depuis 2010 (1) et directeur du Conservatoire de Menton, Paul-Emmanuel Thomas (photo) a pris il y peu la direction du Festival de Musique de Menton fort d’une double formation qui ne peut que lui être utile dans l’exercice ses nouvelles fonctions. Il a en effet à la fois effectué des études musicales au CNSMD de Paris, au Conservatoire Royal de Liège, et universitaires à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. « Dans ce cadre, note P.E. Thomas, j’avais eu l’occasion de travailler sur Liszt et la naissance du récital dans les années 1830. J’ai toujours été très intéressé par l’évolution des formes de concert, par les rapports entre l’évolution des programmes, l’évolution esthétique et le cadre social. »
Le Festival de Menton n’a jamais été adepte de thématiques contraignantes, mais son nouveau directeur a toutefois souhaité tracer deux axes dans la programmation 2013. Avec l’Espagne d’abord P.E. Thomas entame un « portrait sonore du pourtour méditerranéen » qui se poursuivra lors des prochaines éditions. Les Sœurs Labèque sont ainsi à l’affiche avec un récital à dominante hispanique, tandis que le festival invite par ailleurs une légende de la guitare, Pepe Romero, que P.E. Thomas n’est pas peu fier de recevoir et d’associer à l’un des très grands quatuors d’aujourd’hui, le Cuarteto Casals.
Mozart constitue le second axe du Festival 2013, un choix motivé entre autres par les lieux. « La taille de la scène du Parvis Saint-Michel se prête très bien à ce répertoire, remarque P.E. Thomas, ce n’est pas du tout un endroit pour faire des symphonies de Brahms ou de Bruckner, la musique de la période classique convient en revanche idéalement, en terme de format comme d’acoustique. »
« Au-delà de ces deux fils rouges, poursuit-il, j’ai construit la programmation entre tradition et modernité. Tradition car l’un des points forts du Festival de Menton est son passé très glorieux. Il a été fondé par André Borocz, qui l’a dirigé pendant un demi-siècle et en avait fait l’un des phares des festivals d’été européens. J’ai souhaité lancer plusieurs clins d’œil aux artistes qui l’ont fréquenté, notamment à l’un des « bébés » du Festival de Menton : Fazil Say. André Borocz l’a découvert et beaucoup soutenu au début de sa carrière ; c’est lui qui fera le concert d’ouverture de cette 64ème édition, avec un orchestre qui a pendant longtemps accompagné le festival, l’Orchestre de chambre de Stuttgart, qui venait chaque année autrefois avec Münchinger. Nous aurons aussi une soirée en hommage à Britten et Rostropovitch qui ont tous deux marqué le festival. En avant-première d’un disque annoncé pour la rentrée, Gautier Capuçon et Frank Braley rendront hommage au duo Rostropovitch-Britten. »
Le but de P.E. Thomas est de « donner une identité artistique forte au Festival de Menton ». De jouer la carte d’une certaine forme de rareté dans la plus haute qualité aussi. « Parmi les artistes que l’on découvre cette année, il est de grandes stars internationales que l’on n’entend finalement pas très souvent en France ; c’est le cas de la soprano Diana Damrau, que l’on découvrira en compagnie du harpiste Xavier de Maistre, ou d’Arcadi Volodos qui, au-delà de sa virtuosité incroyable, offre une personnalité artistique hors du commun. J’ai souhaité aussi privilégier des gens avec un profil original ; je pense évidemment à Fazil Say, on encore à Giuliano Carmignola, autant à l’aise sur le violon moderne que baroque, et artiste assez rare car il donne trente ou quarante concerts par an au maximum. Nouveauté de l’édition 2013, nous lançons une série au Musée Cocteau, en partenariat avec Bösendorfer. On y trouve de jeunes musiciens français qui « explosent » au niveau international comme Adam Laloum ou Edgar Moreau, et des artistes étrangers pas encore très connus en France tels que la violoniste italienne Anna Tifu, le pianiste Igor Tchetchuev ou le violoncelliste Pavel Gomziakov. Ces deux derniers ne sont certes plus des inconnus, mais ils ne font pas partie des circuits musicaux français. Je n’oublie pas que l’une des marques de fabrique du Festival de Menton à une certaine époque était de faire entendre des musiciens que l’on n’entendait par ailleurs. André Borocz a été le premier à inviter les grands artistes du bloc soviétique en Europe. »
Dans une vie festivalière française, certes très active mais prompte aux réitérations, on ne peut qu’encourager le nouveau patron du Festival de Menton à cultiver ce salutaire goût de la différence.
Alain Cochard
Pierre-Emmanuel Thomas vient d’entamer un nouveau mandat de trois ans à la tête de cette formation.
64ème Festival de Musique de Menton
Du 1er au 14 août 2013
06500 – Menton
www.festival-musique-menton.fr
Site de Paul-Emmanuel Thomas : www.paulemmanuelthomas.com
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Photo : DR
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