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Compte-rendu : Chopin à toute heure - Folle Journée de Nantes 2010
Il faut jongler entre les horaires des concerts et les salles (aux noms différents chaque année) de la vaste Cité internationale des congrès, se frayer un passage dans la foule (128 000 billets vendus pour l’édition qui s’achève…) : c’est bien connu, la Folle Journée nantaise à des allures de parcours du combattant pour le visiteur. Pour les musiciens aussi, qui doivent parfois enchaîner les prestations et se produire à des horaires… peu ordinaires.
10 h30 samedi, Iddo Bar-Shaï est déjà sur le pont et attaque un récital où les Mazurkas op 30, 33, 63 et 67 (nos 2 et 4) jouxtent la Polonaise « Militaire » et la Polonaise-Fantaisie. On était venu découvrir le jeune pianiste israélien attiré par une anthologie de Mazurkas (1CD Mirare) : bilan plutôt décevant. Les pièces les plus lyriques témoignent d’indéniables qualités poétiques, mais le propos se révèle brouillon dans des pages plus enlevées (ex. Mazurka p. 63 n°1, Polonaise en la majeur) quand ce n’est franchement décousu (Polonaise-Fantaisie). La faute de l’horaire très matinal se dit-on… Et durant le concert collectif de l’après-midi (8ème partie de l’intégrale Chopin) l’interprète manifeste il est vrai un propos plus construit dans les Mazurkas op 30 et 33 qu’il redonne, mais sa Polonaise « Militaire » demeure prosaïque et accrocheuse et, d’une façon générale, la sonorité, bien timbrée jusqu’au mf se durcit beaucoup au-delà (tabouret relevé au maximum : la position excessivement haute d’Iddo Bar-Shaï face au clavier n’est sûrement pas son meilleur atout…)
L’intérêt d’un rassemblement musical tel que celui de Nantes est d’amener l’auditeur à confronter des personnalités très contrastées : on apprécie le propos sans chichis de Momo Kodama (Scherzo n°2, Valses op 34 nos 2 et 3), on regrette de ne pas trouver plus d’occasions de goûter au Chopin lumineux d’Abdel Rahman El Bacha (Variation sur un air de Bellini, Valse op 34 n°1), on retrouve la manière extrêmement classique de Philippe Giusiano dans les Nocturnes op 32, l’Impromptu op 29 ou les Préludes op 28 - fermement conduits, mais bien sages…
Le piano n’a pas rimé qu’avec Chopin à la Folle Journée et ses contemporains occupaient une belle place aussi. Certains célèbres, tel Liszt, dont Denis Pascal (photo), après une poétique et narrative Ballade n°4 du Polonais, propose quelques Rhapsodies hongroises. Dans un répertoire où il aisé d’en faire des tonnes, l’interprète allie la tenue et la virilité du ton à une palette sonore très riche et sait attirer l’attention sur des détails généralement négligés. Superbe !
Si le nom de Liszt est connu du plus grand nombre, des auteurs particulièrement rares sont aussi programmés. La musique de Frédéric Kalkbrenner n’est certes pas une denrée dont on abuserait, mais l’on ne regrette pas de découvrir le brillant Grand Septuor avec piano op 132 que Claire Désert, le Quintette à vent Aquilon, Jing Zhao et Marc Marder interprètent avec fraîcheur, même si la souvent difficultueuse écriture du compositeur leur impose une relative retenue dans les tempi. Découverte qui se prolonge avec une sympathique Partita pour vents de Hummel par les Aquilon.
La musique de chambre est d’ailleurs à la source d’un des meilleurs souvenirs de cette journée nantaise. Sous les archets de Sarah et Deborah Nemtanu, l’inoffensif Duo op 9 n°1 de Louis Spohr se mue en rayon soleil, avant que les deux sœurs ne s’allient à Lise Berthaud, Henri Demarquette et au Quatuor Diotima dans l’Octuor op 20 de Felix Mendelssohn. Fine équipe pour un chef-d’œuvre de jeunesse enlevé avec flamme et tendre poésie : on fond de bonheur…
Alain Cochard
Folle Journée de Nantes, samedi 30 janvier 2010
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Photo : DR
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