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Compte-rendu : Festival de Wissembourg - La passion au service de la musique
A quelques encablures de l’Allemagne, Wissembourg est depuis six ans le cadre d’un festival de musique grâce à l’initiative d’Hubert Wendel, directeur artistique. Avec une exigence qui ne se dément pas, ce dernier propose une programmation très diversifiée et intervient même plus globalement au niveau culturel en héritier de son maître, l’organiste Pierre Vidal, exégète passionné de l’art de J.S. Bach. Cette année, sous son impulsion, la présence de reproductions grandeur nature de vingt-six tableaux du Caravage dans les trois églises de la cité alsacienne contribue à offrir le plus bel écrin aux concerts, en particulier ceux donnés dans l’église historique Saint-Jean.
Familier du festival, Nicolas Stavy célèbre les bicentenaires Chopin et Schumann avec un récital de haute volée, attentif au climat visionnaire de la Sonate « Funèbre » du Polonais (clarté de la ligne, romantisme à fleur de peau, technique toujours au service d’une liberté de pensée), à l’hypnotisme engagé de la Barcarolle et aux élans diaphanes des ultimes Nocturnes op 62. D’un ton très hoffmannien dans des Kreisleriana, le soliste allie le sens de la construction à des tempi souvent rapides qui témoignent d’une prise de risques tout à fait assumée. Donné en bis, l’Arabesque conclut avec fluidité et tendresse.
Le lendemain, le violoncelliste Marc Coppey et le pianiste Finghin Collins (vainqueur du Concours Clara Haskil en 1999) forment un duo complice dans la Sonate n°3 de Beethoven, la complexe Sonate n°1 de Miaskovsky ou encore la Rhapsodie n°1 de Bartók, d’un folklore réinventé par l’archet ductile de Coppey et le piano imaginatif et éblouissant de Collins – un artiste que l’on aimerait entendre davantage dans l’Hexagone. Après l’entracte, la Sonate op 119 de Prokofiev participe de la même veine ; les deux musiciens rivalisant d’énergie et d’esprit méditatif dans une œuvre écrite pour Rostropovitch en 1949. En guise de remerciement, le Chant du Ménestrel de Glazounov referme sur une note lyrique un concert de bout en bout éblouissant, à l’image de la qualité artistique de ce festival.
Michel Le Naour
Festival International de Musique de Wissembourg, église Saint-Jean, 2 et 3 septembre 2010
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