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Compte-rendu : Janowski et l’Orchestre de la Radio de Berlin - Rigueur et poésie
Un programme à l’image de Marek Janowski : de la curiosité d’abord avec les Variations sur un thème de Paganini de Boris Blacher et le 4e Concerto pour piano de Rachmaninov dans sa version originale de 1926, puis du grand classique avec une Symphonie héroïque de Beethoven style haute école avec l’Orchestre de la radio de l’ex-RDA dont le niveau a du en surprendre plus d’un. Boris Blacher si injustement oublié représente le clin d’œil du maestro avec ce métier incroyable, chez le chef comme chez le compositeur, qui sait se muer en pur humour.
Le dernier concerto pour piano de Rachmaninov renonce aux facilités souvent reprochées dans les précédents au compositeur interprète : foin de grandes phrases guimauves, place à l’irruption du tragique et aux empoignades entre l’orchestre et le soliste. Cet inconfort motive superbement Nicolaï Lugansky qui sort de sa réserve de gendre parfait pour ferrailler dur avec les cuivres, doigts lancés à toute vitesse et à toute force sur le clavier sans en perdre jamais le contrôle. Mais il ne renonce pas pour autant à la poésie qui inonde l’ensemble des trois mouvements. Marek Janowski tient magnifiquement ses musiciens berlinois.
Avec la Troisième Symphonie de Beethoven, on gravit encore un échelon, le chef se révélant là l’héritier des plus grands maîtres d’outre-Rhin, à commencer par Wolfgang Sawallisch : tout y est construit, pensé, pesé, réfléchi afin de faire entendre au plus près ce que Beethoven a imaginé et voulu. C’est exemplaire et criant de vérité. A des années-lumière peut-être des arguties baroques, mais Beethoven inventait l’avenir, il n’était pas fasciné par le rétroviseur…
Ce qui importe, c’est d’en épuiser la modernité, quels que soient les moyens. Et l’Orchestre de la radio berlinoise est fort de sa fantastique tradition et de son exemplaire cohésion qui renversent tous les obstacles. Le chant pur reprendra ses droits avec en bis une Ouverture de Rosamonde de Schubert toute en souplesse et en poésie.
Jacques Doucelin
Paris, salle Pleyel, 13 mars 2011 (Concert diffusé par France Musique le 29 mars à 9h07)
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Photo : Felix Broede
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