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Compte-rendu - Jean-François Verdier dirige l’Orchestre des jeunes de l’arc alpin - Enthousiasme juvénile
Inspiré par l’exemple des orchestres de jeunes américains, David Robertson lança en 2000 l’Académie de l’Orchestre National de Lyon, partagée entre l’Orchestre des juniors et de l’Orchestre des jeunes. Des formations éphémères puisque, composées d’élèves issus de conservatoires et d’écoles de musique de Lyon et de sa proximité ou de cités de l’arc alpin, elles se réunissent pour deux sessions (Toussaint et Printemps) et se renouvellent chaque saison offrant leurs membres l’occasion d’une inoubliable expérience musicale et humaine, sous la direction de chefs passionnés par la mission à laquelle ils se dédient.
Jean-François Verdier, qui a dirigé fin mars plusieurs des représentations de Werther à l’Opéra Bastille, occupe depuis la rentrée dernière et pour deux saisons le poste de « chef résident » à l’ONL. A ce titre, il a la charge de la session en cours de l’Orchestre des jeunes et se dédie avec ferveur à ce qui s’apparente à « un vrai challenge ». Après un travail de préparation mené pupitre par pupitre par des musiciens de l’ONL, le chef a en effet pour mission de parvenir à homogénéiser en peu de jours le travail de musiciens, entre 14 et 25 ans, dont les niveaux sont forcément disparates, qui n’aspirent que pour une faible proportion d’entre eux à un parcours professionnel et dont, de plus, c’est dans bien des cas la première expérience d’orchestre.
Si l’entreprise à tout d’une gageure, elle ne souffre toutefois pas d’une once d’amateurisme. « Il s’agit de gens qui font de la musique », note J.F. Verdier. La dimension humaine associée à la musique est l’essentiel pour celui qui s’avoue « très touché par ces jeunes qui vibrent pour la musique. Quand je les vois avec toutes leurs difficultés, je me revois au début d’un parcours qui n’était pas tout tracé. Pas question de les prendre pour des demi-musiciens ; le programmes abordés sont difficiles. Il faut de la patience, du calme, de la concentration. » (Lire l’interview de Jean-François Verdier réalisée en février 2009).
Et Jean-FrançoisVerdier d’en faire la démonstration pendant le raccord qui précède le concert à l’Auditorium de Lyon.
Les membres de l’orchestre que l’on a pu rencontrer confirment la qualité de la relation que le chef entretien avec son orchestre (dit «de l’arc alpin » car, comme c’est le cas une année sur deux, son recrutement, plutôt que sur Lyon et ses environs, s’est effectué principalement sur Annecy, Grenoble, Chambéry et Bourgouin-Jallieu). Venant d’un chef doublé d’un merveilleux clarinettiste super-soliste de l’Orchestre de l’Opéra de Paris, on ne s’étonne pas, comme le souligne Cecilia Lemaître-Sgard (17ans, clarinette), que J.F. Verdier ait « dès le départ ciblé le travail sur la respiration, ce qui nous a énormément servi pour la suite. » C’est bien ce qui se dégage du travail que le chef réalise avec ses musiciens avant le concert. « Respirez, laissez l’épaule souple, sinon le son n’est pas là », conseille-t-il à un moment aux cordes. « Exigeant, pointilleux, mais toujours très apaisant» : la manière dont les jeunes instrumentistes définissent leur chef s’illustre ici.
Après une pause d’une quarantaine de minutes, viens le moment pour l’Orchestre des jeunes de l’arc alpin de prendre place sur la scène pour le deuxième des quatre concerts que comprend la session de Printemps. La perfection ne saurait être de mise dans de telles conditions, mais on ne peut que s’avouer sincèrement épaté par la qualité et la fraîcheur du résultat. Par ce prélude de l’Acte III de Lohengrin que les jeunes musiciens enlèvent avec ardeur, par la poésie et la souplesse de l’accompagnement qu’ils offrent à la voix de Marie-Paule Dotti dans les Quatre Derniers Lieder de Strauss ou le relief et les couleurs avec lesquelles ils abordent des extraits de Roméo et Juliette de Prokofiev. Jean-François Verdier donne le meilleur de lui-même à ses jeunes instrumentistes ; il en récolte à l’évidence les fruits.
Parmi les membres de l’Orchestre des jeunes de l’arc alpin, seule une petite proportion se destine au métier de musicien. Mais tous auront été les acteurs d’un moment qui restera gravé dans les mémoires. Et de petits miracles se seront produits dans certains cas… «Une mère est venu me voir en me disant « vous avez transformé mon fils », confie J.F. Verdier à la fois amusé et ému, on n’est pas là pour ça, mais s’il est possible de donner ce choc vis-à-vis de la musique, c’est très bien.»
Il vous reste encore une occasion d’entendre l’Orchestre des jeunes dans le cadre de sa session de printemps, à la MC 2 Grenoble jeudi 23 avril. Ne vous privez surtout pas de ce revigorant bain d’enthousiasme juvénile !
Alain Cochard
Concert de l’Orchestre des jeunes de l’arc alpin/ Académie de l’Orchestre National de Lyon. Auditorium de Lyon, le 19 avril 2009. Prochain concert le 23 avril (20h30) à la MC2 Grenoble (www.mc2grenoble.fr)
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Photo : Sébastien Erome
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