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Compte-rendu : La Fenice au 20e Festival Sinfonia en Périgord - L’émerveillement du premier jour
David Théodoridès, directeur artistique de Sinfonia en Périgord, avait toutes les raisons de se réjouir au terme de la journée du 26 août. Après un poétique et savoureux concert Matteis/Purcell d’Amandine Beyer et des Incogniti à l’Abbaye de Chancelade en fin d’après-mid, le Festival était revenu au cœur de Périgueux en soirée pour une interprétation mémorable des Vêpres de Monteverdi par La Fenice et le Chœur Arsys-Bourgogne, sous la direction de Jean Tubéry dans une église Saint-Etienne pleine à craquer. Trois célébrations se conjuguent là puisqu’au 20e anniversaire de Sinfonia en Périgord correspond d’abord celui de la fondation de La Fenice il y a deux décennies. Mais 2010 marque aussi le 400e anniversaire de la création du Vespro : Jean Tubéry et son équipe ne pouvaient faire meilleur choix de répertoire tant cette partition phare de la musique sacrée occidentale est étroitement associée à l’activité d’artistes dont l’incontestable légitimité chez Monteverdi s’est une fois de plus illustrée avec évidence.
Ferveur : tel est le mot qui, plus que tout autre, définit le moment que Jean Tubéry a donné à vivre à son auditoire. Pas de génuflexion inhibante de sa part face à un chef-d’œuvre absolu, mais un total investissement, une approche humaine et sensible ; un peu à la manière d’un châtelain vous proposant une visite passionnée et émue d’une vieille demeure dont il connaît le moindre recoin et qui, littéralement, revit par la magie de ses paroles. « Notre but sera davantage de communiquer le plaisir toujours renouvelé de l’interprète qui côtoie cette œuvre, et la redécouvre toujours avec bonheur et fraîcheur malgré… ou grâce à la centaine d’exécutions dont il aura été le témoin…», écrit le patron de La Fenice dans les notes de programme.
Le but est atteint par une approche qui exploite l’acoustique ample mais jamais tournante de la vaste église Saint-Etienne, et les effets de spatialisation qu’elle autorise. La majestueuse architecture des Vêpres s’y déploie avec évidence, portée par le souffle qu’apportent le chef et son équipe. Solistes, instrumentistes, choristes : tous concourent avec le même degré d’implication à donner vie au texte musical.
A côté du magnifique ténor Hans Jörg Mammel, inoubliable dans l’Audi coelum, son collègue Henning Kaiser témoigne d’un non moins bel engagement (quel naturel, quel lyrisme vécu dans le Nigra sum !) et les sopranos Narial Rial et Céline Scheen ne sont pas reste. La qualité et l’impeccable préparation du chœur Arsys-Bourgogne – on mesure le chemin parcouru en quelques années par cet ensemble ! – contribuent largement aussi au fabuleux déploiement de timbres du Vespro.
Quant à la partie instrumentale bien des éloges seraient à faire à chacun des musiciens. Leurs collègues ne nous en voudrons toutefois de décerner une mention particulière au théorbe aussi inventif qu’engagé de Juan Sebastian Lima, et à l’organiste David Van Bouwel qui a su tirer pleinement parti de la projection sonore du très beau positif construit par le facteur Etienne Fauss.
Depuis vingt ans, Jean Tubéry revient sans cesse aux Vêpres. Aucune routine pourtant dans son propos, mais l’émerveillement de la première fois – intact – allié aux fruits précieux de l’expérience.
L’un des temps forts d’un des grands festivals baroques hexagonaux et, à n’en pas douter, de toute la période estivale.
Alain Cochard
Festival Sinfonia en Périgord - Périgueux, église Saint-Etienne, le 26 août 2010
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