Soirée rare au menu de l’Orchestre de Paris vouée à un compositeur trop négligé, Gabriel Fauré. Et pourtant, l’événement qui a marqué ce concert n’était ni le programme, ni l’intérêt de l’interprétation signée Paavo Järvi, mais la qualité inouïe du choeur, et ce depuis fort longtemps. Il faut dire qu’il avait de quoi se régaler – et nous aussi ! – entre la Pavane, le Psaume de jeunesse Super flumina Babylonis donné, semble-t-il, en création mondiale, le beaucoup plus connu Cantique de Jean Racine et surtout le Requiem, vrai tube de Fauré.

Ces choristes, tous amateurs il faut le rappeler, avaient été préparés par un nouveau venu, le Britannique Stephen Betteridge (photo) qui a fait des miracles en si peu de répétitions (1). Il fait partie de ces chefs de chœurs invités cette saison par le directeur artistique de l’Orchestre pour les tester. Si par bonheur il pouvait se libérer pour venir à Paris, inutile de continuer car le successeur du grand Arthur Oldham serait tout trouvé après un intermède atterrant…

Dès la Pavane, on est frappé par l’homogénéité des pupitres du chœur, la justesse des sopranos. Cette assurance triomphera dans le Requiem qui prend soudain une dimension plus dramatique, tendance que souligne également le chef.

Est-ce du fait de l’absence du chœur dans cette pièce, mais l'Elégie pour violoncelle sonna plus fade, les solos d’Eric Picard ne ressortant pas suffisamment. Le Requiem bénéficia de deux solistes de grande classe, le soprano cristallin de l’Israélienne Chen Reiss et le baryton sensible de l’Allemand Matthias Goerne, respectivement au service du Pie Jesu et du Libera me. Il fallait bien cela pour équilibrer la performance du chœur !

Jacques Doucelin

Paris, salle Pleyel, 9 février 2011

(1)Biographie (en anglais) de Stephen Betteridge

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Photo : DR