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Compte-rendu : Nicolas Stavy interprète Liszt et Schumann sur piano Steingraeber - Retour aux sources


Le bicentenaire de la naissance de Franz Liszt sera cette année l’occasion d’événements exceptionnels. Grâce à l’initiative de la maison Steingraeber, célèbre facteur de Bayreuth en activité depuis 1852, et des Pianos Nebout à Paris, dans le cadre des concerts organisés au Reid Hall, les parisiens venus au concert de Nicolas Stavy ont eu le privilège d’entendre l’instrument sur lequel Liszt joua et composa durant la dernière période de sa vie. Conservé à Bayreuth, ce piano historique a bénéficié d’une restauration en 1920, mais n’a depuis connu aucune transformation d’envergure.

Dans l’excellente acoustique du lieu (qui fut au XVIIIe siècle une usine de céramique et est fréquenté depuis la fin du XIXe siècle par les étudiants américains), le programme de Nicolas Stavy prend toute sa saveur, retrouvant des sonorités inusitées (en particulier un medium et un aigu surprenants) qui prouvent, s’il en était besoin, que Liszt utilisait des claviers révolutionnaires pour son temps. Le Sonnet de Pétrarque n°104 et Bénédiction de Dieu dans la solitude sous les doigts poétiques de l’interprète, manifestent une liberté de ton que la capacité à exploiter les ressources du piano et à comprendre son utilisation rendent précieuse. La mouture originale du dernier poème symphonique Du berceau jusqu’à la tombe, écrit d’abord pour piano en 1880, est une vraie révélation. Le combat pour l’existence comme la vie future suggérés par Liszt dans cette partition, s’affirment avec une grande lisibilité - et une dimension ascétique plus prégnante encore que dans la version orchestrale.

En seconde partie, les Kreisleriana de Schumann montrent la mécanique un peu rétive aux assauts d’un pianiste soucieux d’apprivoiser l’engagement et le rêve schumanniens. Le bis (Consolation n°3 de Liszt) permet de renouer avec une fluidité et un sens du cantabile très proches de Chopin. On attend avec impatience la publication (chez Hortus) du disque Liszt que Nicolas Stavy prépare, sur piano moderne cette fois.

Il faut féliciter les organisateurs, l’association La Dive Note, d’avoir permis cette exclusivité dans la capitale. Le public nombreux a pu ensuite échanger dans la convivialité, à la toute proche Librairie Tschann, ses impressions sur un récital original et captivant.

Michel Le Naour

Paris, Reid Hall, 4 mars 2011

Pour en savoir plus :

- sur le Reid Hall : www.reidhall.com

- sur les pianos Steingraeber & Söhne : www.steingraeber.de

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Photo : DR

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