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Compte-rendu - Une juvenile Fantastique - Christoph Eschenbach dirige Berlioz
Depuis Charles Munch, la musique de Berlioz est associée au répertoire de l’Orchestre de Paris et l’on voyait mal comment Christoph Eschenbach, lui-même très épris de ce compositeur, aurait pu ne pas le jouer pour fêter ses 70 ans. Fréquemment programmée et enregistrée à deux reprises - en 2001(1) et 2002(2) - pendant cette décennie passée à la tête de la célèbre formation parisienne, la Symphonie Fantastique demeure l’un des chevaux de bataille du maestro allemand qui, rappelons-le, quittera ses fonctions à la fin de la saison.
Connu pour sa rectitude, Eschenbach semble aujourd’hui moins tendu, comme s’il cherchait enfin à sortir de sa réserve. Si la rigueur de sa lecture prédomine tout d’abord, notamment dans l’exposition des thèmes, parfois précipitée, on ne peut nier une chaleur et un lyrisme renforcés par le chatoiement des timbres, très travaillés, sensible dans Rêveries et Passions, ainsi qu’une maîtrise des rythmes syncopés. Moins corseté que dans l’enregistrement pour Naïve, le Bal respire avec plus de suavité et de légèreté, tandis que la Scène aux champs, véritable tableau vivant, fourmille de détails bucoliques traités avec éloquence. Les deux derniers mouvements, à la fois fougueux et charpentés, dégagent une belle vaillance générale, les sonorités nourries des pupitres laissant libre cours à l’imagination débridée du compositeur, portée par un Eschenbach animé par une ardeur juvénile, que nous ne lui connaissions pas.
Première partie bien décevante en revanche, avec La Mort de Cléopâtre, périlleuse cantate composée par Berlioz en 1829 pour concourir au Prix de Rome. Dans un assez mauvais soir, la sculpturale Waltraud Meier s’échine à rendre justice à cette écriture centrale qui lui échappe, truffée d’aigus mal placés qui déstabilisent sa ligne, dépareillent son chant et rendent la longue méditation « Grand Pharaons » difficile à suivre. Seules les dernières phrases prêtées à la Reine mourante impressionnent par leur intensité douloureuse. Un concert en demi-teinte.
François Lesueur
Paris, salle Pleyel, 17 février 2010
(1) DVD Bel Air
(2) CD Naïve
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Photo : DR
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