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Compte-rendu : Vilde Frang à l’Auditorium du Louvre - La jeune force tranquille
Un premier concert à Paris, voilà qui - on l’imagine vaniteusement - peut intimider un jeune artiste. Mais pour Vilde Frang qui arpente le monde, archet en main, la donne est autre. La jeune femme - 25 ans - fait partie de ces prodiges tranquilles pour qui l’estrade internationale est devenue aussi familière que leur chambre. Et ce depuis l’âge de dix ans, date à laquelle elle fit ses débuts de concertiste. Dès lors, elle fut invitée des grands orchestres nordiques, chez elle à Oslo puis dans les autres pays scandinaves. Ensuite, se sont ouvertes les portes du London Philharmonic, de la BBC et autres formations prestigieuses. Les prix internationaux se sont abattus sur elle, les festivals l’ont réclamée, dont Verbier et le Schleswig Holstein, non des moindres, mais surtout elle a suscité l’intérêt d’Anne-Sophie Mutter, dont la Fondation l’a accueillie. Et son jeu, d’ailleurs, n’est pas sans rappeler celui de la superbe walkyrie du violon révélée par Karajan, mais sans l’intensité fulgurante de ses premières années.
Ce premier concert, qui l’a montrée totalement épanouie, a donné à réfléchir sur ce jeu détendu, charnu, homogène, et qui suit sa ligne de force sans se renouveler en coups d’archet, comme d’ailleurs Mutter. Dire que le programme était original serait faible : la Partita de Lutoslawski, de 1984, permet surtout de creuser les contrastes tout en finesse rythmique et en couleurs, tandis que la Sonate de Richard Strauss (1887), une vraie rareté, s’envole comme un superbe manifeste romantique. En ouverture, le Grand duo D 574 de Schubert, avait tout de même laissé entrevoir que malgré leur complicité, la jeune norvégienne et son partenaire au piano, l’Ouzbek Michail Lifits, devaient encore prendre le pouls du lieu, car leur union accusait quelques faiblesses et décalages. Mais très vite, et surtout dans Strauss, leurs sonorités se sont magnifiquement alliées. Vilde Frang, assurément, va s’imposer avec son phrasé soutenu, large, et qui va merveilleusement à Brahms, dont elle a donné déjà des interprétations mémorables. Il lui manque juste une botte secrète pour nous électriser de temps à autre. Elle sera sans nul doute, une interprète sérieuse et profonde, et non un feu de paille.
Jacqueline Thuilleux
Paris, Auditorium du Louvre, 27 janvier 2011
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Photo : Niclas Jessen
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