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Debora Waldman à l’Orchestre Régional Avignon-Provence – Un ancrage territorial renforcé

Nommée en juillet 2019 à la direction musicale de l’Orchestre Régional Avignon-Provence, Debora Waldman (photo)prendra les rênes de celui-ci le 1er septembre. Un nouveau chapitre s’ouvre dans l’histoire de la formation après le fructeux mandat de Samuel Jean qui, arrivé début 2013, a su redonner confiance à l’orchestre et lui faire faire de remarquables progrès. Une cheffe à Avignon ? C’est une première dans la longue histoire d’une phalange dont les origines remontent à la fin du XVIIIe siècle, mais aussi l’unique exemple actuel en France de femme au poste de directeur musical d’un orchestre national ou régional.

L’ancienne assistante de Kurt Masur à l’Orchestre National de France s’est lancée avec enthousiasme dans ses nouvelles fonctions. « Dès ma nomination l’an dernier, je me suis mise au travail. L’un de mes priorités, explique-t-elle, a été d’entrer en contact avec divers lieux de la région susceptibles de reprendre les concerts d’abonnement donnés à l’Opéra Grand Avignon. » Mission accomplie : plusieurs des sept programmes de la saison seront redonnés (jusqu’à quatre fois pour certains, dans des villes telles que Apt, Aix, Cavaillon ou Montélimar), confortant ainsi l’ancrage territorial de l’orchestre.
Attentive au rajeunissement de l’auditoire, D. Waldman a par ailleurs « beaucoup travaillé avec le service Nouveaux Publics afin de créer des résonances entre les concerts jeune public et les concerts d’abonnement et de favoriser la venue (à tarif préférentiel) des enfants avec leurs parents aux soirées abonnement. »
 

© jpo-vivian-correa-pretorius

Du répertoire nouveau ... et des compositrices

« Pouvez-vous vivre sans musique ? » : « l’intitulé de la saison 20/21 avait été choisi avant la crise sanitaire, mais il tombe particulièrement bien après la période que nous venons de traverser », reconnaît l’artiste, impatiente d’attaquer sa première saison avignonnaise.
Sous des intitulés évocateurs, elle a imaginé des concerts qui confronteront les instrumentistes à un répertoire à 60% nouveau pour l’orchestre. La délicieuse 1ère Symphonie de Gounod ou la Symphonie « Réformation » de Mendelssohn en offrent deux exemples, tout comme la Symphonie n°9 de Schubert, donnée avec le renfort de supplémentaires (formation Mozart, l’orchestre compte 39 membres permanents). On relève des programmes intelligemment construits, tel celui autour de Haydn, en décembre, où figurent l’ouverture de l’Isola disabitata, la Symphonie n° 65, la Symphonie « Classique » de Prokofiev et les Rococo de Tchaïkovski.
Ces dernières résonneront sous l’archet d’Antonio Meneses, l’un des solistes à l’affiche une saison qui reçoit en outre Tai Murray, Nicholas Angelich, Aude Extrémo, le jeune Daniel Kharitonov, Didier Castell-Jacomin, sans oublier Cordelia Palm, violon solo de l’orchestre et impliquée dans plusieurs projets concertants.
Du côté du nouveau répertoire, on sait que Debora Waldman, qui a dirigé l’an dernier à Besançon la création posthume de la magnifique Symphonie « de guerre » de Charlotte Sohy (1), nous promet pas mal de découvertes chez les compositrices à partir de la saison 21/22. On en trouvera une amorce dès celle qui arrive avec une pièce de la Française Sophie Gail (1775-1819).

Le jeune public se réjouira pour sa part de pouvoir découvrir Ondin et la Petite Sirène de Julien Le Hérissier, partition que dirigera Christophe Mangou, à la baguette aussi pour un autre conte musical, Tinouga, de Fabien Robert celui-là, où encore pour un « Berlioz Trip Orchestra », spectacle d’après l’inoxydable Fantastique du bouillant Hector.

En fosse pour Don Giovanni

Parallèlement au symphonique, le lyrique constitue un volet essentiel de l’activité de l’Orchestre Régional Avignon-Provence puisqu’il prend part à toutes les productions de l’Opéra Grand Avignon. Dès avril prochain, on y retrouvera D. Waldman en fosse pour un Don Giovanni dont Frédéric Roels, nouveau directeur de l’institution, signe la mise en scène.
Quant au disque, un bel et original enregistrement français s’annonce pour D. Waldman ; un programme autour de la période napoléonienne (Méhul, Gossec, Hérold) que la cheffe et les musiciens provençaux confieront aux micros au printemps prochain.

« Musiques sur Cours » en juillet

La série abonnement de l’Orchestre Régional Avignon Provence ne commence que le 6 novembre (une soirée au cours de laquelle D. Waldman dialoguera avec la violoniste américaine Tai Murray dans le 2ème Concerto de Prokofiev), mais dès les premiers jours de septembre, elle sera à la tête de ses musiciens pour divers concerts décentralisés.
Un esprit hors les murs anime aussi la série « Musiques sur Cours » ; amorcée le 24 juin, elle conduit les musiciens de l’orchestre à offrir des programmes de musique de chambre dans divers lieux de la cité des papes. Chambristes, les « Musiques sur Cours » se terminent toutefois en mode symphonique, le 24 juillet dans la Grande Chapelle du Palais des Papes, puisque D. Waldman dirige la 2ème Symphonie de Hérold et la 7ème de Beethoven.

Alain Cochard

(1)   www.concertclassic.com/article/debora-waldman-dirige-la-creation-mondiale-de-la-symphonie-de-guerre-1917-de-charlotte-sohy

La Symphonie « de guerre » de C. Sohy sera reprise le 1er juillet 2021 par D. Waldman et l’Orchestre National de France, en compagnie d’œuvres de Holmès, Bonis et Jaëll, dans le cadre du Festival Bru Zane à Paris 2021 : www.maisondelaradio.fr/evenement/concert-symphonique/femmes-de-legende-cloture-du-9e-festival-palazzetto-bru-zane-paris  

Orchestre Régional Avignon Provence
www.orchestre-avignon.com/

Photo © Christophe Abramowitz

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