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DVD : Thomas Hampson incarne Doktor Faust de Busoni
C’était pour Thomas Hampson un défi inévitable : on n’avait pas eu de grand Doktor Faust – pardon pour Dietrisch Henschel qui y fut assez pâle, au Châtelet comme à Lyon - depuis celui de Fischer-Dieskau. Le chef-d’œuvre de Busoni repose tout entier sur le rôle-titre, il y faut un chanteur-acteur à la culture immense, et pas seulement vocale. Composer ce personnage dans lequel l’humanité entière peut se reconnaître tient de la gageure. Il est peu de concéder qu’Hampson y parvient. Il est Faust, dans toutes ses ambiguïtés, mais c’est un emploi qu’il fréquente maintenant depuis huit années déjà, après l’avoir étrenné au Festival de Salzbourg dans la plus que contestable mise en scène de Peter Musbach.
On préférera nettement le spectacle classique de Grüber, avec ses vastes décors, aussi bien pour le cabinet de Faust, empli de cornues qui voudraient nous faire croire qu’il ne serait qu’un alchimiste, que pour la cour de la duchesse de Parme (excellente Sandra Trattnigg). Hampson a en face de lui un Mephisto d’exception en Gregory Kunde, passé maintenant aux emplois de caractère. Sarcastique et glacial son diable ne craint pas les tessitures meurtrières où Busoni l’égare par pur sadisme. En fosse, Philippe Jordan rend toute son importance à l’orchestre évocateur de Busoni, véritable deus ex machina de l’œuvre. Un seul regret : que cette production ait retenu la version Jarnach plutôt que la version Beaumont, plus complète et souvent plus fidèle à ce chef-d’œuvre demeuré inachevé.
Jean-Charles Hoffelé
Thomas Hampson, Gregory Kunde, Sandra Trattnigg, Solistes, Choeur et Orchestre de l’Opéra de Zürich, Philippe Jordan
Mise en scène : Klaus Michael Grüber (2006)
Arthaus 101283 (2 DVD). Distr. Intégral.
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