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Emmanuel Pahud, Douglas Boyd et l’Orchestre de à la Cité de la musique – Alchimie réussie – Compte-rendu
Depuis sa nomination en septembre 2015 au poste de directeur musical de l’Orchestre de Chambre de Paris, Douglas Boyd a fait évoluer cette formation en transformant sa sonorité et en lui apportant une nouvelle dynamique. On a à nouveau pu le mesurer à la Cité de musique, avec Emmanuel Pahud en soliste, lors d’une soirée qui préludait à une tournée en Allemagne, Espagne et Suisse.
Douglas Boyd © Jean-Baptiste Millot
Mise en bouche avec la Fantaisie sur la Flûte enchantée de Robert Fobbes-Janssens où le soliste fait merveille tant par sa virtuosité qu’un cantabile d’une rare pureté de ligne – Pahud a on s’en souvient signé un très bel enregistrement de cette pièce avec le Philharmonique de Rotterdam et Yannick Nézet-Séguin (2).
Rare dans les programmes mais souvent pratiqué dans les concours internationaux, le Concerto pour flûte de Jacques Ibert (créé en 1934 par le légendaire Marcel Moyse) n’est pas un long fleuve tranquille pour ses interprètes mais permet d’apprécier à sa juste valeur le talent de coloriste, de rythmicien et l’esprit inventif d’un compositeur bien trop oublié. E. Pahud sait mettre en valeur le dialogue avec l’orchestre, et chaque pupitre répond à ses sollicitations. Aux échanges animés de l’Allegro initial succède un Andante subtil et ondoyant, véritable rêve éveillé, tandis que dans l’Allegretto scherzando final aux accents parfois jazzy, le flûtiste, véloce et d’une aisance stupéfiante, utilise toutes les ressources de son instrument.
En seconde partie, le Tombeau de Couperin de Ravel, d’une belle fluidité (Forlane), permet d’apprécier le raffinement des vents (Menuet) ainsi que la direction d’un chef à la battue claire et détendue. La lecture de la Symphonie n° 2 de Beethoven prend en compte les données de la doxa baroque (peu de vibrato des cordes, cors d’époque…) sans toutefois forcer le ton ou accuser les contrastes par une accentuation trop verticale. Il en ressort une clarté d’ensemble qui parcourt toute l’exécution de l’œuvre. Un travail d’orfèvre.
Michel Le Naour
(1) 1 CD Warner Classics
Paris, Cité de la Musique, 16 janvier 2019
Photo © Emi Classics
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