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Fantochines de Conrado del Campo, produit par le Teatro de la Zarzuela de Madrid - Délicats fantoches - Compte-rendu
Parmi une saison moins aventureuse que de coutume, le Teatro de la Zarzuela se pique néanmoins de quelques curiosités et inédits qui méritent le voyage à Madrid. Ainsi de Fantochines (Les Fantoches), production lyrique hors des sentiers rebattus. Il s’agit d’un opéra de chambre, ou une petite zarzuela, écrit en 1923 par Conrado del Campo (1878-1953). Ce compositeur célébré en son temps, et parfois hors de son pays (par Henri Collet, le promoteur du Groupe des Six), a laissé un corpus considérable, touchant à tous les domaines, de la musique de chambre – douze quatuors ! – à la symphonie, de l’opéra à la zarzuela. Professeur recherché au Conservatoire de Madrid, il a formé tout ce qui compte dans la musique espagnole de l’époque, de Federico Moreno Torroba à Jacinto Guerrero, de Salvador Bacarisse à Cristóbal Halffter (et y compris même le grand chef d’orchestre Ataúlfo Argenta). Pour dire que son langage de compositeur se frotte à ceux les plus savants.
Fantochines en témoigne : ouvrage surprenant par sa complexe écriture musicale, qui pourrait faire penser à du Mahler teinté des audaces d’un Stravinsky, mais avec des touches personnelles irréductibles. Inclassable ! Et qui parle du talent incomparable de del Campo, comme de l’urgence qu’il y a à le redécouvrir. De nouvelles éditions de partitions, ainsi qu’un cycle de concerts et tout récemment la résurrection unanimement saluée à Madrid d’une autre zarzuela, La flor del agua, semblent de prometteuses prémices.
Ressuscité à l’auditorium de la Fondation Juan March, mais sous l’égide du Teatro de la Zarzuela, Fantochines bénéficie d’une excellente réalisation, à même de réhabiliter définitivement un petit ouvrage (une heure) qui en son temps à connu une sorte de gloire : à Madrid et en Espagne, bien évidemment, mais aussi à Lisbonne, à Buenos Aires et jusqu’en Belgique, dans une traduction française pour des théâtres de Bruxelles, Tournais et Malines (en 1935). Avant de tomber dans un injuste oubli. Désormais réparé.
Pour ce marivaudage à trois personnages, sur un livret de Tomás Borrás, Tomás Muñoz plante une délicate action scénique, entre marionnettes grandeur nature et jeu virevoltant. Sonia de Munck, Borja Quiza et Fabio Barrutia s’acquittent avec bagout de leurs exigeantes parties vocales. Les huit instrumentistes (orchestration originale) issus de l’Orchestre de la Communauté de Madrid, sonnent à ravir sous la direction de José Antonio Montaño.
Pierre-René Serna
C. del Campo : Fantochines – Madrid, Fundación Juan March, 10 mars 2015
Site de la Fundación Juan March : www.march.es
Site du Teatro de la Zarzuela : teatrodelazarzuela.mcu.es
Phoro © Fundación Juan March
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