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Ferenc Vizi en récital au Théâtre de la Ville - Intelligence et générosité – Compte-rendu
Les Diabelli de Beethoven représentent toujours un défi pour les interprètes qui doivent, au-delà de l'enjeu technique, rendre différente chacune des 33 variations sans jamais perdre de vue la continuité d’ensemble. Au Théâtre de la Ville, Ferenc Vizi surmonte cette difficulté par un jeu contrasté qui sait toujours intéresser, inviter au voyage et doser subtilement chaque détail en gardant toujours en tête le fil d’Ariane de la charpente. Avec intelligence, moins intéressé par le caractère métaphysique ou psychologique que par un art pianistique consommé, le soliste ménage des plages de pure beauté (Variation 31) avec une évidence et un naturel convaincants. L’équilibre y est constamment maintenu par des tempos plutôt allants, d’une logique ordonnée, qui évitent d’étirer la matière sonore (Variation 20) mais n’oublient jamais les changements d’humeur, voire l’humour sous-jacent (Variation 22, sur le « Notte e giorno faticar » de Leporello).
Après un hommage rendu à Gérard Frémy (1935-2014), son maître au Conservatoire de Paris, qui l’incita à s’intéresser à ce monument de la musique, Ferenc Vizi propose en bis le Rondo en la majeur à quatre mains de Schubert avec la complicité de son collègue franco-japonais Yumeto Suenaga, présent dans la salle. Un moment privilégié de détente, de rêve et de nostalgie après le combat, une heure durant, contre les éléments beethovéniens.
Michel Le Naour
Paris, Théâtre de la Ville, 28 novembre 2015
Photo © DR
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