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Festival de Saint-Denis 2025 – Les petits d’abord !

La vie d’un festival tel que celui de Saint-Denis, ne se limite pas à la période délimitée par ses dates « officielles ». Tout au long de l’année, sans que cela se sache toujours de ceux qui en sont éloignés, il vit et rayonne sur son territoire, multipliant les actions, en particulier dans le domaine de la sensibilisation à la musique. Le Festival de Saint-Denis totalise un peu plus de 150 initiatives de cet ordre pour 2024, témoignant de sa volonté de toucher un nouveau public, jeune et parfois même très jeune. Dans ce but, a été lancé l’an passé un « Festival pour les petits » qui tient lieu de prélude au festival proprement dit.

Il Caravaggio © Julien Benhamou
Coup d’envoi avec les jeunes voix du Studio Il Caravaggio
Forte du succès remporté en 2024, l’opération est réitérée cette année à partir du 21 mai. Mais dès le 15 (église Saint-Denys-de-l’Estrée), Saint-Denis fera l’actualité avec une soirée d’avant-première confiée à l’Ensemble Il Caravaggio de Camille Delaforge – qui démarre une résidence de deux ans au festival. Le Studio Il Caravaggio sera associé au concert afin de mettre en avant cinq jeunes voix issues de cette structure (Apolline Raï-Westphal, Louise Bourgeat-Roulleau, Jordan Mouaïssia, Léo Guillou-Keredan et Alexandre Adra) dans des pages de Charpentier, Lully et Lambert. Un coup d’envoi résolument tourné vers le futur !

David Kadouch © Marco Borggreve
C’est donc de l'avenir aussi que Saint-Denis se préoccupe à partir du 21 mai avec un Festival pour les petits qui promet de faire bonheur des jeunes auditeurs et des familles. On commence par « Une vie de Fanny Mendelssohn », spectacle imaginé par Héloïse Luzzati et David Kadouch, dont la création sera assurée par ces deux derniers et d’autres membres de la Cité des Compositrices (3 représentations les 21 et 22 mai).
La Néréide chez La Fontaine
Depuis sa naissance à la toute fin de la décennie passée, l’ensemble La Néréide (photo, un trio de sopranos constitué autour de Julie Roset) a pris un bel envol – favorisé par la sortie d’un admirable disque Luzzaschi chez Ricercar. Dans sa seconde année de résidence à Saint-Denis, la formation occupe une place de choix dans le Festival pour les petits 2025 avec deux séduisants programmes donnés à la Légion d’honneur.
Mine inépuisable, les Fables de La Fontaine ont inspiré une foultitude de compositeurs. Ce sont quelques uns de ceux de la période baroque, Louis Nicolas Clérambault au premier chef, mais aussi Du Parc, De Bacilly, Le Camus, Julie Pinel et Lambert, que les jeunes auditeurs découvriront – luxueuse initiation à ce répertoire ! (deux séances le 23 mai). Un autre magnifique programme les attend (25 mai), ouvert celui-là aux familles et même aux « hors famille », avec « Le cœur et la raison », une anthologie de morceaux à l’usage des institutions de jeune filles signés Clérambault, De la Barre, D’Ambruis, Lalouette, Jacquet de la Guerre, etc. Inutile de préciser qu’il est donné ... à la Maison d’éducation de la Légion d’honneur.

Arnaud Marzorati © Jean-Baptiste Millot
Pop-up-Opera
Très applaudis l’an dernier dans « Le Réveil des Oiseaux », Les Lunaisiens sont de retour pour un « Pop-up-Opera » bâti autour d’airs célèbres de Mozart, Gounod, Bizet et autre Wagner. On fait toute confiance à Emilie Rose Bry et Arnaud Marzorati pour réjouir et régaler leur tout jeune auditoire (deux séances le 25 mai).
Musiques pour Henri IV
Dans l’esprit « avant-première » du concert du Caravaggio, les amoureux de musique italienne retiendront (27 mai, basilique) le programme « Monteverdi – Musique pour Henri IV » imaginé par Quentin Guérillot (à l’épinette ici), entouré de Maud Bessard-Morandas (sopr.) et Gabriele Pro (violon), en souvenance des pages du génial Claudio qui résonnèrent en France à la faveur du mariage du monarque avec Marie de Médicis en 1600. Clément Guérillot, organiste titulaire du Cavaillé-Coll de la basilique, que l’on retrouve d’ailleurs le 7 juin en ce lieu pour une improvisation sur Metropolis de Fritz Lang.

Alexandre Tharaud © Jean-Baptiste Millot
Soirées populaires
C’est évidemment à la basilique que sera comme toujours donné (2 juin) le coup d’envoi du Festival proprement dit. Un « Alexandre Tharaud & friends » qui verra le pianiste entouré de Camélia Jordana, Cyrielle Ndjiki Nya, Dominique A. et – ensemble bien connu des habitués de Saint-Denis – du Balcon, dirigé par Maxime Pascal, pour un programme allant de Bach à Dominique A., de Chostakovitch à Legrand, Brel et Barbara. Une soirée populaire à rapprocher du « L.E.J. & friends » de Lucie Lebrun, Elisa Paris et Juliette Saumagnes, trois artiste séquanodionysiennes qui mêleront pop, rap, classique et électro à la basilique (24 juin), mais aussi du Alice au pays des merveilles de Marc-Olivier Dupin, monté avec des collégiens de Plaine Commune, à découvrir sous la direction du compositeur (6 juin).
L’implication des jeunes musiciens de Seine Saint-Denis se vérifiera également avec le projet inscrit dans le cadre de l’Académie de l’Opéra de Paris. Confié à un excellent jeune chef, Victor Jacob, on en découvrira les fruits le 17 juin avec des pièces de Verdi, Bizet, Tchaïkovski et Prokofiev

Speranza Scappucci © Silvia Lelli
Le rare et le célèbre
Que les amoureux de grandes fresques chorales se rassurent, elles ne font par défaut cette année ! Côté rareté, d’aucuns découvriront le Requiem de Donizetti avec le Chœur de l’Orchestre de Paris et l’Orchestre de chambre de Paris sous la direction de Speranza Scappucci (5 juin). Une autre remarquable baguette féminine, celle de la Polonaise Marta Gardolińska, sera quant à elle au rendez-vous dans une partition fameuse s’il en est, la Saint Jean de Bach, toujours avec l’Orchestre de chambre de Paris (1) – en magnifique forme on le sait –, mais cette fois avec le Chœur de chambre de Namur et une très belle distribution (où figurera Julie Roset). (12 juin)
Dans des registres plus intimistes, on note le récital en solo de la violoncelliste Anastasia Kobekina en forme de grand voyage de Von Bingen à Vasks, en passant évidemment par Bach (10 juin), le trois voix de l’Ensemble Sequenza 9.3, un programme Poulenc-Ibert qui fait figure de coda du festival pour les petits (15 juin, deux séances familles), le bouquet « Mélodies d’amour », tout français, de Sabine Devieilhe et Mathieu Pordoy (22 juin) et le « Sur la route de Buenos Aires » qu’Ophélie Gaillard a concocté avec la complicité du Quatuor Debussy entre autres (15 juin).
Un Mozart de jeunesse
Enfin, pour la première année de leur résidence au festival, Camille Delaforge et Il Caravaggio marquent un grand coup avec la reprise du Devoir du Premier Commandement, réalisation d’un Mozart de 11 ans dont les interprètes ont signé un enregistrement admirable (chez CVS). Une étape marquante pour le jeune ensemble (2), qui retrouvera cette partition étonnante avec une distribution largement différente de celle du disque.
Alain Cochard

Festival de Saint-Denis
Du 21 mai au 24 juin 2025
festival-saint-denis.com/fr/
(1) Une orchestre que la cheffe connaît depuis un concert réussi en novembre 2020 : www.concertclassic.com/article/marta-gardolinska-dirige-lorchestre-de-chambre-de-paris-timbres-en-eveil-compte-rendu
(2) Lire l’interview de Camille Delaforge : www.concertclassic.com/article/une-interview-de-camille-delaforge-fondatrice-et-cheffe-de-lensemble-il-caravaggio-lheure-de
Photo © Jean-Baptiste Millot
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