Quelle meilleure preuve un Festival peut-il offrir de sa volonté d’ouverture aux jeunes interprètes que de leur réserver la moitié de sa programmation ? Depuis l’an dernier, le Festival L’Esprit du Piano de Bordeaux se partage en deux volets : printemps et automne, et sa première partie « Nouvelle Génération » est exclusivement réservée aux talents émergents.
 
Véritable révélation du piano français du début de la décennie, découverte grâce à la parution de l’album Lost Paradises chez Scala-Music en 2022, Jodyline Gallavardin a donné le coup d’envoi de la 15e édition, le 30 avril, avec un très original programme Liapounov, Scriabine, Vasks, Lourié, Ravel – tout à son image. Après une incursion dans le jazz couleur cubaine sous les doigts du solaire Wiwi García Fernández, le Festival se poursuit bientôt avec trois interprètes à suivre attentivement.
 

Diana Cooper © Bartosz Seifert

Concertclassic a déjà eu l’occasion de vous parler de Gabriel Durliat (photo) (1) et Diana Cooper (2) ; à vingt-quatre heures d’intervalle, ils vont se succéder à l’Esprit du Piano, les 14 et 15 mai. A la fois pianiste et chef d’orchestre, ce qui n’est pas sans incidence – positive ô combien ! – sur un jeu aussi fouillé que dominé, Durliat a imaginé un programme entre France et Allemagne, qui rend de manière très personnelle hommage à Gabriel Fauré.
On entendra d’abord la mal-aimée Sonate n° 27 op. 90 de Beethoven dont on ne doute pas que le pianiste saura offrir un lecture très personnelle (comme cela a été le cas il y a peu salle Cortot avec le prodigieux Vadym Kholodenko). Suivront l’essentiel de la Suite de Pelléas et Mélisande op. 80 de Fauré transcrite par Durliat et le dernier contrepoint de L’Art de la Fugue de Bach revisité par le jeune pianiste « In memoriam Gabriel Fauré ». Le propre de la jeunesse est de savoir oser ... Les Variations et Fugue sur un thème de Haendel de Brahms concluront, d’un souffle orchestral gageons-en.
 

Constant Despres © Nathanaël Mergui
 
Avec la Sonate KV 330, la Sonate n° 2 de Schumann, la Ballade n° 2 et l’Andante spianato et Grande Polonaise brillante de Chopin, le programme de Diana Cooper, le lendemain, présente sans doute un profil un peu plus classique. Il n’en augure pas moins d’un magnifique moment, propre qu’il est à mettre en valeur le sens harmonique et la dimension narrative et poétique du jeu d’une interprète qui, après Jean-François Heisser au CNSMDP, Rena Shereshevskaya à l’Ecole Normale, Cédric Tiberghien à l’Académie Jaroussky, se perfectionne à présent à Londres auprès de Norma Fisher.
 
Toulouse est une grande pourvoyeuse de pianistes. Après Chamayou, Laloum et Vincent Mussat, c’est de la ville rose que vient lui aussi Constant Depres, né en 2006 et entré en 2022 au CNSMDP dans la classe de Marie-Josèphe Jude. Il sera l’invité du 15e festival (et son benjamin), le 16 mai, avec des pièces de Bach, Ligeti, Scriabine, Guarneri, Liszt, Mompou : stimulante soirée en perspective !
 
Quant à la suite de « Nouvelle Génération », elle s’annonce tout aussi alléchante avec Samuel Apoutou (3 juin), Valère Burnon (4 juin), Qing Li (5 juin) et le prodigieux Roman Borisov (7 juin), que Paul-Arnaud Péjouan, directeur du L’Esprit du Piano, avait déjà invité à Bordeaux en 2022 (3)
 
Alain Cochard
 

15^e Festival L’Esprit du Piano / 1^ère Partie « Nouvelle Génération »
 
Jusqu’au 7 juin 2024  : www.espritdupiano.fr/
 
14 mai : Gabriel Durliat / Salle des fêtes du Grand Parc/Bordeaux ( 20h)
15 mai : Diana Cooper / Salle Pierre Tachou/Bordeaux (19h)
16 mai : Constant Despres / Château Brane/ Cantenac (20h30)