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Festival Sinfonia en Périgord - Une interview de David Théodoridès, directeur


Désormais intégré dans une structure municipale, le Festival Sinfonia en Périgord envisage le futur avec un bel enthousiasme et joue de façon originale la carte de l’ancrage départemental, comme en témoigne le concert inaugural d’une édition 2011 marquée par Bach mais ouverte aussi à la rareté et à la découverte.

La 20e édition de Sinfonia en Périgord l’an dernier a correspondu à l’intégration du festival au sein de CLAP (Culture, Loisirs, Animations à Périgueux), une structure municipale dont la mission est de coordonner les événements culturels de Périgueux. Comment s’est déroulé ce changement d’organisation ?

David THEODORIDES : Très naturellement, car Sinfonia était déjà solidement inscrit dans l’activité périgourdine et celle de l’agglomération. Mais ça a toutefois été une année lourde dans la mesure où, parallèlement à la 20e édition, il a fallu mettre en place une nouvelle structure, avec de nouvelles habitudes, du personnel qui ne connaissait pas forcément la manifestation. Le bilan du Festival 2010 a été très positif, en termes de fréquentation, de notoriété, mais aussi en termes d’intégration du Festival. Il a prouvé qu’il a toute sa place dans la programmation estivale de Périgueux, à côté d’ « Art et Eau », un nouveau festival d’art contemporain, et de Mimos, festival international du mime. Quant on se fiance, il y a un temps d’observation : Sinfonia a trouvé ses marques avec la ville ; la méthode fonctionne et le Festival est perçu comme une manifestation de la municipalité mais aussi de l’agglomération, ce dont je me réjouis chaque jour.

Pour poursuivre sur le thème de l’intégration, mais à la vie culturelle départementale cette fois, vous avez choisi d’ouvrir le 21e Festival, le 23 août prochain, par un concert de l’Ecole Britten et du Chœur Dordogne en Sinfonia dirigés par Michel Laplénie. Un choix assez symbolique de votre part j’imagine ?

D.T. : C’est très important et très symbolique en effet. Je crois de plus en plus qu’il est du devoir des grandes manifestations d’intégrer une politique visant à rapprocher amateurs et acteurs professionnels de la musique. Depuis deux ans, en travaillant avec l’agence culturelle du département, avec le département lui-même, mais aussi avec le Conservatoire à Rayonnement Départemental, il nous est apparu que rien n’était vraiment fait pour que des musiciens locaux amateurs recrutés sur l’ensemble du département puissent s’intégrer à la vie active d’un festival, si ce n’est sous forme de bénévolat pour aider à porter des chaises et à placer les gens comme cela se fait partout. Mais rien en ce qui concerne la pratique quotidienne des musiciens amateurs. Il y a donc une volonté du département, du Conservatoire, de Sinfonia, et de CLAP désormais, de s’adresser aussi à eux.

Faire un tel concert d’ouverture, pleinement intégré dans la programmation, est une façon de démontrer qu’il y a de multiples talents dans un territoire, plutôt rural, tel que la Dordogne où pas mal de gens pratiquent le chant. C’est par ailleurs le moyen de nous inscrire dans une démarche hors festival, de maintenir un lien avec ces amateurs et de leur permettre de rencontrer tout au long de l’année des professionnels pour effectuer un travail en profondeur. Pour Sinfonia, pour le département et pour Périgueux, je crois que c’est un point de départ. Je souhaite et j’espère que nous parviendrons à amplifier progressivement ce travail pour arriver, qui sait, à un petit consort de voix solistes, à un chœur amateur qui pourraient être intégrés à de grandes œuvres, je songe à certaines Passions allemandes, pas forcément celles de Bach. En bref le but est de disposer d’un instrument tout à la fois pédagogique et artistique.

Quel est le profil général du 21e Festival ?

D.T. : L’édition 2011 est fortement marquée par Jean-Sébastien Bach et a été bâtie à partir de deux concerts : la Passion selon Saint Matthieu, qui sera donnée par Akâdemia, et la Messe à 40 voix de Striggio que recrée Hervé Niquet. Autour de ces deux points de départ, j’ai été heureux de pouvoir par exemple mettre à l’affiche l’Ensemble Pygmalion de Raphaël Pichon dans la Köthener Trauermusik de Bach, une œuvre genèse de la Saint Matthieu même si elle n’est pas que cela. Sinfonia réserve comme toujours une place importante à la fin de la période baroque, avec Bach, Vivaldi, Porpora, Pergolèse, mais nous ouvrons aussi des portes : sur l’écho que la musique italienne du XVIIe siècle peut trouver dans la musique orientale d’aujourd’hui (avec le programme « Les Roses d’Ispahan » de Doulce Mémoire), sur la modernité de la comédie madrigalesque de Banchieri La Barca di Venezia per Padova (interprétée par Sagittarius et Michel Laplénie) ou sur de jeunes talents à découvrir. Je pense en particulier au Petit Concert Baroque de Chani et Nadja Lesaulnier, deux sœurs clavecinistes qui réinventent la transcription ; le fait de faire voyager la musique avec les instruments dont on dispose d’un salon à un autre.

L’intégration au sein de CLAP a-t-elle contribué à attirer de nouveaux soutiens ?

D.T. : Suez Environnement a souhaité rejoindre le Festival cette année. C’est très important pour nous et la preuve qu’aux yeux d’un partenaire de cette ampleur Sinfonia commence à avoir des lettres de noblesse. La pérennité qu’assure une structure associée à une municipalité favorise les partenariats. Nous sommes en phase de trouver de nouveaux partenaires, assez importants, et ceux qui étaient déjà présents ont maintenu, voire amplifié leur soutien (EDF par exemple). Il faut impérativement que les mécènes privés quels qu’ils soient, grosses ou petites entreprises, mettent en œuvre au sein de leur structure cette loi sur le mécénat qui est peut-être le garant de la diversité culturelle française.

Propos recueillis par Alain Cochard, le 25 juillet 2011

Festival Sinfonia en Périgord
Du 23 au 28 août 2011
Périgueux et ses environs
Programme détaillé : www.sinfonia-en-perigord.com

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Photo : Laurent Pareau

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