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François Dumont en récital au Conservatoire d'Art dramatique - La musique, simplement - Compte-rendu
Après une intégrale remarquée des sonates de Mozart, François Dumont vient de signer un magnifique CD Chopin (1) : autant dire que, pour ses débuts discographiques, le jeune pianiste français n’aura pas craint de s’exposer. Mozart, Chopin : deux auteurs qui ne pardonnent rien ; des œuvres dans lesquelles on est «à poil » comme le dirait un grand maître. Par-delà toutes les considérations techniques, le premier des viatiques ici se nomme simplicité, une qualité qui distingue tout particulièrement l’art de François Dumont.
Lauréat du dernier Concours Chopin de Varsovie, l’artiste consacre au Polonais une bonne part du récital qu’il donne dans le cadre de la série «Les Pianissimes». L’Opus 48 n°1 ouvre la soirée et d’emblée cette pièce parmi les plus riches du corpus des Nocturnes donne le ton. Lyrisme, drame, fièvre : tout est exprimé avec naturel, porté par un jeu au geste sobre, à la fois chantant, lisible et bien timbré. Par la suite, on cède tout autant à la fraîcheur de l’Impromptu n°1, à la tendresse sans apprêt de la Valse op 70 n°3, aux subtils miroitements de la Polonaise-Fantaisie ou de la Barcarolle. Le Scherzo n°3 clôt le volet chopinien avec un feu contenu, une ardeur jamais aboyante qui font grand bien dans une pièce trop souvent victime de tapeurs pressés.
La valse tient lieu de discret fil rouge du programme de François Dumont : après l’Opus 70 n°3 de Chopin, La plus que lente conduit avec un chic un brin moqueur chez Debussy, dont le pianiste émerveille les Estampes de sa riche palette sonore. On espère avoir souvent l’occasion de le réentendre dans la musique de Claude de France au cours de cette année anniversaire.
Valse pour conclure avec le fameux ouvrage de Ravel, dans sa version non pas originale (celle-ci est pour deux pianos comme l’on sait) mais « préalable» pour piano solo. Une mouture qui souffre fréquemment de virtuoses courant en vain après l’effet orchestral et ne parvenant qu’à un assommant déluge de notes. Voie sans issue : François Dumont l’a compris et propose une tout autre solution. C’est par une fascinante exacerbation des détails, une enivrante lisibilité du propos, un rejet radical du tape-à-l’œil pseudo-orchestral qu’il plonge l’auditeur dans le « tourbillon fantastique et fatal » de La Valse. Chapeau !
Alain Cochard
Paris, salle du Conservatoire d’Art dramatique, lundi 12 mars 2012
(1) CD Artalinna/ dist. Codaex
Site de François Dumont : www.francoisdumont.com
Site des Pianissimes www.lespianissimes.com / Prochain concert le 17 avril 2012 (au Conservatoire d’Art Dramatique) avec Mi Sa Yang (violon), Victor Julien-Laferrière (violoncelle), Adam Laloum (piano), œuvres de Schubert.
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Photo : DR
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