Journal
Gábor Takács-Nagy dirige l’Orchestre de chambre Paris – Carnaval enchanté – Compte-rendu
![© DR](https://www.concertclassic.com/sites/default/files/styles/asset_picture_default_400x250/public/carnaval_0k.jpg?itok=j6AIDKdW)
Le désir de ramener la musique classique au centre de Paris a été clairement affirmé par Jörn Tews dès son arrivée à la direction générale de l’Orchestre de chambre de Paris. On ne saurait pour ce faire trouver lieu plus adapté que le Châtelet et, avant le Peer Gynt attendu du 7 au 16 mars, dans l’adaptation et la mise en scène d’Olivier Py et sous la baguette d’Anu Tali, l’OCP était déjà présent dans la salle parisienne pour un concert dirigé par un chef qu'il apprécie grandement, ce qui se conçoit sans mal : Gábor Takács-Nagy (très applaudi en novembre dernier au TCE (1) ). Après le répertoire germanique, on a retrouvé le maestro hongrois dans un programme à dominante française avec en son cœur l’une des partitions les plus universellement célèbres du répertoire : Le Carnaval des animaux.
![© DR](https://www.concertclassic.com/sites/default/files/carnaval_2.jpg)
Apprivoiser les bruits de la ville
Le public a répondu en masse à la proposition de l’OCP, qui en profite pour lui présenter des pages plus rares et de la création. Le programme s’ouvre ainsi par Deux Préludes posthumes et une Gnossienne de Satie (Fête en l’honneur d’une jeune demoiselle, 1er Prélude du Nazaréen & 3e Gnossienne) dans l’arrangement pour orchestre à cordes que Francis Poulenc en réalisa en 1939 (la partition ne fut publiée que dix ans plus tard). Un triptyque méconnu, que Takács-Nagy interprète avec l’esprit chambriste qui le caractérise ; sa direction complice respire et peut compter sur les qualités individuelles des instrumentistes (très belle intervention du hautbois solo d’Ilyes Boufadden-Adloff dans la Gnossienne).
![© Jean-Baptiste Millot](https://www.concertclassic.com/sites/default/files/aline_gorisse_c_jean-baptiste_millot.jpg)
La musique d’aujourd’hui trouve aussi sa place avec la création mondiale d’Intramuros d’Aline Gorisse – une artiste issue de l’Académie internationale des jeunes compositrices de l’OCP. La pièce se veut musicalisation, apprivoisement des bruits de la ville : une vraie réussite ! Intelligemment construite, sans aucun bavardage (9 minutes), elle joue habilement sur les timbres et se termine dans une atmosphère nocturne.
La première partie du programme se clôt par l’une des plus belles réalisations concertantes de Poulenc : le Concerto pour deux pianos en ré mineur. Avec Lise de la Salle et David Kadouch, l’ouvrage s’offre de manière extrêmement énergique dans les deux mouvements vifs, pris un peu « alla Prokofiev », qui encadrent un épisode central très hypnotique. Singulier mais totalement assumé et convaincant.
![© Anoush Abrar](https://www.concertclassic.com/sites/default/files/sandra-albukrek-sebban_ok_c_anoush_abrar.jpg)
Sandra Albukrek enchante la musique de Saint-Saëns
Les deux pianistes sont de retour après la pause dans l’inoxydable Carnaval des animaux, d’autant plus attendu qu’il est donné avec le savoureux texte de Francis Blanche, (bien) dit par Swann Arlaud, et un film d’animation spécialement conçu par Sandra Albukrek. Une petite merveille qui sait coller à l’esprit de la musique sans tomber dans de l’illustration au premier degré (Le Cygne, servi par le magnifique archet de Benoît Grenet, en offre un bel exemple). Un vrai imaginaire se déploie, tout de poésie et de fantaisie – et teinté d’une pointe d’ésotérisme. On le goûte d’autant plus que le choix de tempi plutôt retenus renforce le caractère onirique de l’ensemble et que le récitant opte pour une approche assez détachée et pince-sans-rire, très bienvenue. Enorme succès ! Puisse le magnifique travail de Sandra Albukrek être repris par d’autres formations.
Enfin, la Symphonie « Classique » de Prokofiev trouve en Gábor Takács-Nagy un interprète de premier ordre qui emmène ses troupes avec une prestesse et une alacrité réjouissantes. Les musiciens de l’OCP (Alina Petrescu est violon solo invité) rayonnent de bonheur et, répondant à l’accueil enthousiaste du public, ne se font pas prier pour bisser la Gavotte.
Alain Cochard
![](https://www.concertclassic.com/sites/default/files/logoccbreves_6.png)
(1) www.concertclassic.com/article/gabor-takacs-nagy-dirige-lorchestre-de-chambre-de-paris-vents-debout-compte-rendu
Paris, Théâtre du Châtelet, 24 janvier 2025
Photo © DR
Derniers articles
-
10 Février 2025François LESUEUR
-
08 Février 2025Jacqueline THUILLEUX
-
07 Février 2025Alain COCHARD