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Hommage musical à Victor Segalen au Huelgoat – Stèles sonores

Belle idée en pleine année du Centenaire Debussy que l’hommage musical qui est rendu à Victor Segalen au Huelgoat les 30 juin et 1er juillet. Le lieu s’imposait ; c’est en effet dans forêt de la petite cité du centre Finistère qu’on retrouva le poète mort le 21 mai 1919 – au pied d’un arbre, un exemplaire de Hamlet à la main – et dans son cimetière qu’il repose sous une étroite et modeste dalle de granit.
Anne Le Bozec © Caroline Doutre

Segalen et Debussy : en avril 1906, l’écrivain rencontra le compositeur afin de lui soumettre un projet de drame lyrique sur la vie de Bouddha : Siddartha. L’idée fut finalement abandonnée et les deux artistes, sur la suggestion de Debussy, s’orientèrent vers un nouveau thème : Orphée. Il ne connut aucun aboutissement lyrique lui non plus, mais fut à l’origine d’échanges épistolaires et surtout de rencontres et discussions que l’artiste brestois ne manqua pas de retranscrire (1).
 
Précieux témoignages où l’on découvre l’auteur de Pelléas s’ouvrant avec confiance à son interlocuteur. « Vous êtes un des rares à qui je parle « musique » ou même à qui je parle de moi, lui avouait Debussy le 8 octobre 1907. Je ne dis pas cela par vanité. Mais je ne parle même pas musique à ma femme. Ou bien c’est de la musique anecdotique. Avec les autres je le peux encore moins. Avec vous je peux parler. »
Mais Segalen s'était mis à l’étude du chinois et, en avril 1909, reçu à l’examen d’élève interprète et ayant obtenu un détachement de cinq ans, il embarqua à Marseille pour Pékin. La dernière période – toute centrée sur l'Empire du Milieu – de son existence s’ouvrait, mettant un terme à sa relation avec le compositeur

© DR

Avec Segalen, bon pianiste amateur, et cousin de Jean Cras, on pouvait en effet « parler musique » ; l’hommage qu’un groupe d’interprètes réunis autour d’Anne le Bozec lui rend est on ne peut plus fondé. Cyrille Lehn (piano), Françoise Masset (soprano), Alain Meunier (violoncelle) et Brenda Poupard (mezzo) seront les complices de la pianiste durant deux journées de « Stèles sonores » (de brefs concerts de 35 à 45 minutes, cinq le samedi entre 6h (!) et 00h (!), deux le dimanche) qui tirent avec intelligence tous les fils de l’univers musical de l’écrivain.
 
Debussy est évidemment présent, tout comme Ravel, Jean Cras et celui qui fit tant pour l’affirmation de la vocation musicale de ce dernier : Henri Duparc. Des mélodies d’Honegger sur des vers de Paul Claudel (dédicataire des Stèles (2))  rappelleront pour leur part les liens de Segalen avec l’auteur du Partage de midi. En 1915, la guerre ramena Segalen en France pour un peu moins de deux ans ; le souvenir du conflit sera l’occasion (le 1/07 à 11h) d’un très beau programme « Tour d’Europe de la musique et des musiciens de 14-18 » (Antoine, Caplet, Carpenter, Séverac, Gurney, Martinu, Pierné, Stephan, Vellones). Fin du voyage sous le signe de l’équilibre et de l’harmonie avec d’Alain Meunier (au bord du lac de Brennilis) dans les Suites nos 1 et 3 de Bach - Stèle du milieu ...
 
Alain Cochard

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(1) Ils figurent en Annexe I de l’indispensable Correspondance (1872-1918) de Debussy publiée en 2005 chez Gallimard, sous la direction de François Lesure et Denis Herlin.
 
 (2) Texte intégral des Stèles de V. Segalen :  www.steles.net/
 
Hommage musical à Victor Segalen
Le 30 juin 2018 – à 6h, 12h, 15h, 18h, 00h
Le 1er juillet 2018 – à 11h et 16h
Huelgoat – Ecole des filles (Espace d’art) / Lac de Brennilis (l1/07 à 16h)
francoiselivinec.com/fr/ecoledesfilles/article/188/steles-sonores
 
Site d'Anne Le Bozec : annelebozec.com/

Illustration : portrait de Victor Segalen figurant dans l’édition de 1922 des Stèles (Paris/ Librairie Plon)

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