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I Was Looking at the Ceiling and Then I Saw the Sky de John Adams à l’Athénée – Moins belle la vie – Compte rendu
Créé à Berkeley en 1995, présenté à Bobigny dans la foulée, I Was Looking at the Ceiling and Then I Saw the Sky avait connu une nouvelle production au Châtelet en 2013. Le public parisien est à présent confronté pour la troisième fois à cette œuvre : autant le dire tout de suite, c’est trop d’honneur pour une partition infiniment mineure dans l’œuvre du compositeur. On savait qu’après les étincelles faites par sa collaboration avec la librettiste Alice Goodman – Nixon in China en 1987 et The Death of Klinghoffer en 1991 – John Adams était passé à une coopération renforcée avec Peter Sellars, le metteur en scène se chargeant des livrets (ou plutôt des collages de textes) à partir de l’oratorio El Niño en 2000. C’était oublier le bref interlude où intervint une certaine June Jordan, poétesse revendiquant son usage du « Black English ». Las ! après la virtuosité poétique à laquelle s’était confronté le compositeur pour ses premiers opéras, ce musical ou songplay (à l’origine, 23 numéros distincts, comme autant de chansons ou numéros d’un album de pop-rock) doit s’accommoder d’un texte où l’on croit entendre une version américaine des dialogues de Plus belle la vie.
Parler de « fresque de la société contemporaine » paraît extrêmement ambitieux, même si le livret coche toutes les cases, avec sept personnages dont trois sont noirs, sans oublier une immigrée illégale sud-américaine et une avocate d’origine asiatique. Dans la fosse, huit instrumentistes : un clarinettiste, un saxophoniste, deux guitaristes, trois pianistes, un percussionniste, pour un résultat relevant du pastiche de diverses musiques actuelles, où l’on ne reconnaît plus la griffe Adams qu’à de rares occasions, dont ces moments répétitifs où les protagonistes scandent le titre de l’œuvre.
© Hubert Amiel
On en vient presque à regretter que des élèves du Conservatoire royal de Bruxelles aient déployé tant d’efforts pour une partition qui ne les mérite pas vraiment. La direction de Philippe Gérard est efficace, et ce n’est pas la faute des musiciens si le résultat ne décolle jamais tout à fait. La mise en scène de Marianne Pousseur et Enrico Bagnoli utilise un écran au fond du plateau nu, afin de varier les décors grâce à des projections vidéo, mais le côté naïf/bouts de ficelle, assumé d’emblée, fonctionne beaucoup moins bien lorsqu’il s’agit d’évoquer le tremblement de terre survenu à Los Angeles en janvier 1994. Par rapport au scénario initial, une modification a été apportée : l’avocat Rick change de sexe pour devenir Rickie, ce qui déplace la problématique homosexuelle, présente dans le texte avec le policier Mike, mais cette fois illustrée par le couple que l’avocate forme avec Tiffany. Cette modification a peut-être des raisons strictement vocales, l’écriture de John Adams étant très tendue dans l’aigu pour certains personnages, dont Rick, mais aussi David le pasteur baptiste, avec obligation de passer assez souvent en falsetto.Les sept jeunes chanteurs (1) sont ici aidés par la sonorisation, mais ce qu’ils ont à interpréter ne permet guère de juger de leurs capacités vocales, puisqu’il leur est demandé de s’exprimer dans un style aux exigences très éloignées de l’art lyrique même contemporain. La première parisienne de ce spectacle, initialement programmé la saison dernière mais reporté, n’en a pas moins été chaleureusement applaudi par un public très enthousiaste.
Laurent Bury
(1) María Bélen Fos (4/02) / Carole Moneuse (Consuelo), Natalie Oswald (Leila), Sonia Shéridan Jacquelin (Tiffany), Marie Juliette Ghazarian (Rickie), Lionel Couchard (Dewain), Lucas Bedecarrax (Mike), Marc Fournier (David)
John Adams : I Was Looking at the Ceiling and Then I Saw the Sky. Paris Athénée Théâtre Louis-Jouvet, vendredi 4 février ; prochaines représentations les 5, 8, 9 et 10 février 2022 // www.athenee-theatre.com/saison/spectacle/i-was-looking-at-the-ceiling-and-then-i-saw-the-sky.htm
Photo © Hubert Amiel
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