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Jérôme Granjon en récital à la salle Cortot - Simplicité et sensibilité - Compte-rendu

Inclus dans un récent et superbe CD du pianiste, le Livre II des Préludes de Debussy avait attisé l’envie d’entendre Jérôme Granjon interpréter en concert l’intégralité de ce corpus. Elle n’aura pas été déçue. Dans une salle Cortot pleine à craquer, il a convié son auditoire à un merveilleux voyage sonore.

Danseuses de Delphes commence tout juste que déjà l’on sent l’interprète totalement plongé dans l’univers poétique debussyste. « La musique doit humblement chercher à faire plaisir»… Jérôme Granjon a médité le mot du compositeur ; l’acuité du regard, la clarté du propos, le rejet des brumes impressionnistes ne cèdent rien à l’intellectualisme face une chimie harmonique dont la modernité incite parfois certains à l’ «explication de texte». Simplicité et sensibilité font cause commune dans une conception qui souligne le caractère de chacun des Préludes sans jamais le forcer. Le vent dans la plaine ou Ce qu’a vu le vent d’ouest fuient tout effet pour mieux exprimer des mouvements de l’âme.

Subtilité des transitions, fourmillement de la palette sonore, tendresse, humour, mystère (fabuleuse Canope !) : Granjon chemine avec tact et naturel à travers les deux Livres et souligne l’évolution de Debussy vers un propos plus abstrait sans rien perdre en présence poétique (magistrales Tierces alternées), sans assécher le propos.

On connaît mieux le pianiste comme membre du remarquable Trio Hoboken qu’en soliste : puisse cette année Debussy contribuer à révéler toute la dimension d’un authentique poète du clavier.

Alain Cochard

« Dans les brouillards » 1 CD Anima (œuvres de Janacek, Scriabine, Schoenberg, Debussy)

Paris, Salle Cortot, 6 février 2012

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Photo : DR
 

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