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Jonathan Fournel, Thomas Dausgaard et l’Orchestre de Chambre de Paris – Premières rencontres – Compte-rendu

Première rencontre de Thomas Dausgaard avec l’Orchestre de Chambre de Paris que le concert dirigé par le chef danois au théâtre des Champs-Elysées le 11 janvier. Entre classicisme et néoclassicisme, le programme s’ouvre par la suite de Pulcinella de Stravinski. La Sinfonia d’ouverture témoigne de beauoup de tonus sous une battue particulièrement économe de gestes ; impression positive qui va vite s’altérer ... Dans une partition pleine de moments chambristes, le chef prend le parti de laisser beaucoup de liberté à ses instrumentistes. Trop à l'évidence car faute de direction suffisamment affirmée la musique de Stravinski souffre de chutes tension et se fait un rien filandreuse.
 

Jonathan Fournel © Joachim Bertrand

Les choses se redressent heureusement avec Mozart et son 18Concerto en si bémol majeur KV 456 sous les doigts de Jonathan Fournel, qui joue lui aussi pour la première fois avec l’OCP - et fait de surcroît sa première apparition au TCE. Point de drame de la part de Mozart dans l’Allegro vivace : le soliste s’y montre fluide, lumineux et en bonne entente avec ses partenaires – même si on ne lui en aurait pas voulu de pimenter son propos d'une pointe d'impertinence. La musique se révèle plus riche dans les deux mouvements suivants. Le beau thème et variations médian d’abord, que le soliste explore avec une beaucoup de sensibilité et de relief, avant un finale vivant (belle expressivité de la main gauche), dramatique quand il faut (la « courte tragédie où se mêlent cris et tempêtes » que Messiaen entendait dans le 2couplet), toujours épuré. Un Mozart sans manières, bien accueilli par un auditoire que Jonathan Fournel gratifie en bis du premier épisode du Prélude, Fugue et Variation de Franck transcrit par H. Bauer.
 

Deborah Nemtanu © Joachim Bertrand

Rare en concert, la suite du Bourgeois gentilhomme de Richard Strauss occupe la seconde partie. Dausgaard embarque ses troupes dans cette musique-pastiche de façon très directe, avec une vitalité et une bonne humeur enthousiasmantes. Pas un un temps mort : le chef peut il est vrai compter sur les qualités d’une Deborah Nemtanu proprement éblouissante au violon solo, sur Benoît Grenet au violoncelle et sur une riche harmonie (mention spéciale pour les interventions un brin canaille de la clarinette de Florent Pujuila !). Une interprétation fermement tenue de bout en bout, vitaminée et charmeuse : le souvenir mitigé du Stravinski est effacé !
 
Alain Cochard
 

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 11 janvier 2022

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