Journal
Julie de Philippe Boesmans à l’Athénée - Huis clos en trio
Un an presque exactement après la création d’Yvonne, princesse de Bourgogne à l’Opéra Garnier, Paris a de nouveau rendez-vous avec la musique de Philippe Boesmans. Mais il s’agit cette fois d’une partition de caractère bien plus intimiste, et ce dans un cadre de même nature, puisque le Théâtre de l’Athénée met à l’affiche Julie, du 8 au 13 janvier, dans la mise en scène de Matthew Jocelyn - une production initialement présentée à la Scène nationale d’Orléans.
L’attachement de l’artiste canadien à l’univers du compositeur belge n’est plus à démontrer. « Boesmans est un amoureux du théâtre, remarque-t-il. Il sait parfaitement comment s’appuyer sur la structure et la matière du drame pour mieux révéler les subtilités humaines qui s’y cachent.» A l’époque où il était directeur délégué des Jeunes Voix du Rhin à Colmar, M. Jocelyn avait signé avec des chanteurs issus de cette structure(1) une séduisante mise scène de Reigen (en version de chambre), vue à l’Athénée en 2004.
Un peu plus d’une décennie sépare Reigen (1993), ouvrage sur un livret de Luc Bondy tiré de la pièce de Schnitzler, de Julie, opéra de chambre en un acte créé à La Monnaie en 2005. « Mademoiselle Julie » de Strindberg a inspiré un livret pour lequel Boesmans retrouvait Luc Bondy, qui avait travaillé là en duo avec Marie-Louise Bischofberger comme pour Wintermärchen (1999). Des ouvrages qui ont contribué à faire de l’artiste né en 1936 l’un des compositeurs lyriques les plus populaires de notre époque.
« Julie est un drame qui commence comme une pièce de boulevard. C’est un huis clos dans l’espace et dans le temps. A la légèreté de ce trio, je voulais qu’il y ait une musique qui vienne de loin, un peu comme le flamenco. Il fallait un trouble érotique constant. La musique peut véhiculer une sensualité d’une manière différente de la parole. Et puis Julie pose cette question troublante : comment une personne peut-elle en pousser une autre au suicide en une nuit ? » : ainsi le musicien résume-t-il un ouvrage que l’on découvre interprété par Carolina Bruck-Santos (Julie), Alexander Knop(Jean) et Agnieszka Slawinska (Christine), sous la baguette de Jean-Paul Dessy à la tête de l’Ensemble Musiques Nouvelles.
Quelque jours après la fin des représentations d’un désopilant Au temps des croisades de Terrasse, l’Athénée change complètement de registre. Un éclectisme et une originalité qui permettent à la maison de Louis Jouvet de se tailler, pas à pas, une place singulière et attachante dans le paysage lyrique parisien.
Alain Cochard
(1) Rebaptisée « Opéra Studio » en 2008
P. Boesmans : Julie
Les 8, 9, 10, 12 et 13 janvier 2010
Athénée Théâtre Louis-Jouvet
Rés. : 01 53 05 19 19
www.athenee-theatre.com
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Photo : Gérard Bezard
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