Journal
La Belle-Hélène au Châtelet – VidéOffenbach – Compte-rendu
Un Offenbach à l’approche de l’été ? Le met n’est sans doute pas de saison mais il ne faudrait surtout pas se priver de la production de La Belle Hélène présentée au Châtelet. Déjà applaudis in loco pour leur Pietra del paragone de Rossini, Pierrick Sorin et Giorgio Barbierio Corsetti sont à l’œuvre. Les procédés chers aux deux vidéastes sont connus ; on se gardera bien toutefois de jouer les blasés tant les deux compères s’emparent avec talent et vitalité de l’ouvrage.
Ses protagonistes constituent le matériau principal à partir duquel les vidéastes composent des tableaux vivants que l’on découvre sur un immense écran-triptyque horizontal disposé au-dessus de la scène. Les manipulations nécessaires à leur réalisation s’exercent sous nos yeux et leur caractère « bricolé » (précieux ventilateurs de poche…) ajoute à la drôlerie du résultat. Regarder la scène, l’écran ? Ne surtout pas choisir car c’est plutôt dans l’entre-deux, dans les détails de fabrication, que la proposition de Sorin et Corsetti prend toute sa saveur - une belle pincée de sel y étant ajoutée par l’épatant mime-acrobate Julien Lambert !
© Marie-Noëlle Robert
Le plateau réuni pour l’occasion se prête il vrai fort bien aux options des metteurs en scène. La voix et… le physique : après Iphise dans Dardanus à Bordeaux et Versailles, Gaëlle Arquez (photo) dévoile un autre visage d’un talent dont on n’a pas fini d’entendre parler. Cette reine de Sparte a du charme et du chien ; sans en rajouter, elle met la salle à ses pieds. Déception hélas avec le Pâris pâlichon de Merto Sungu, point faible de la distribution. On se délecte en revanche du Calchas truculent de Jean-Philippe Lafont, comme de la prestation de Kangmin Justin Kim en Oreste turbulent à souhait. Gilles Ragon (Ménélas) et Marc Barrard (Agamemnon) composent eux aussi leurs personnages avec justesse et drôlerie, l’Achille fier de ses biceps de Mark van Arsdale et les Ajax de Raphaël Brémard et Frank Lopez ajoutant à la bonne humeur générale. Malgré quelques défauts de mise en place lors de la première, le Chœur de Châtelet s’implique totalement dans la vision rafraîchissante de Sorin et Barbieri.
Lorenzo Viotti © Stephan Doleschal
Côté baguette, cette Belle Hélène nous vaut une découverte. L’Orchestre Prométhée est certes numériquement un peu sous-dimensionné pour le Châtelet, mais le jeune chef Lorenzo Viotti se montre vraiment à la hauteur de l’enjeu. Peut-être montre-t-il un brin trop de prudence par moments ; nul doute qu’au fil des représentations sa direction élégante et enlevée gagnera en liberté pour mieux faire goûter encore une production qui - point important - s’appuie sur l’édition critique de Jean-Christophe Keck. Une certitude : Lorenzo Viotti est un chef à suivre !
Alain Cochard
Offenbach : La Belle Hélène. Paris, Théâtre du Châtelet, 2 juin, prochaines représentations les 4, 6, 8, 10, 12, 14, 15, 16, 19, 21 et 22 juin 2015. www.concertclassic.com/concert/la-belle-helene-offenbach
Photo © Marie-Noëlle Robert
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