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La Cenerentola selon Sandrine Anglade à l’Opéra national du Rhin - Rafraîchissant - Compte-rendu
Dernier opéra buffa de Rossini, La Cenerentola (1817) emprunte son sujet au conte de Perrault tout en prenant ses distances vis-à-vis du merveilleux pour mieux insister sur l’humanité d’une héroïne, Angelina qui, de souffre-douleur des filles de Don Magnifico, finira princesse.
La mise en scène de Sandrine Anglade joue sur les ambiguïtés des travestissements, les quiproquos des situations avec une subtilité de ton où la fraîcheur le dispute à un véritable sens théâtral. Le caractère de chaque personnage est dessiné avec légèreté tout en creusant les données psychologiques dans le souvenir des analyses chères à Freud ou à Bettelheim.
Conçu par Claude Chestier, le décor repose sur des modules-castelets figurant les différents espaces de vie (en particulier les salles des châteaux de Don Magnifico et Don Ramiro) déplacés rapidement pour mieux rendre la mobilité consubstantielle à l’œuvre de Rossini. Les éclairages contrastés d’Eric Blosse créent une ambiance féérique, et les costumes bigarrés (signés Claude Chestier) figurant différentes époques suscitent une impression de fantaisie et de variété.
Le plateau, sans être exceptionnel, ne manque pas d’atouts. Dans le rôle-titre, Maite Beaumont manifeste une capacité à dominer les envolées de la ligne vocale et dégage une véritable émotion, sans pourtant réussir à faire évoluer son personnage au gré des événements. Bogdan Mihai, timbre souple et léger en Don Ramiro (le véritable prince), Umberto Chiummo roublard en Don Magnifico et ses filles Tisbe (Sophie Pondjiclis) et Clorinda (Hendrickje Van Kerckhove) ou l’Alidoro d’Ugo Guagliardo, font preuve de naturel et d’esprit. Le baryton Edwin Crossley-Mercer, très à l’aise en Dandini, valet de Don Magnifico, devenu prince l’espace d’un instant, domine le plateau par sa présence, son agilité, sa verve et la perfection de son chant. La baguette sûre et énergique du chef espagnol Enrique Mazzola traduit le sentiment d’urgence en dosant avec pertinence les montées orchestrales, tout en instillant poésie et raffinement. L’Orchestre symphonique de Mulhouse montre, sous son impulsion, une belle cohérence qui constitue la qualité majeure d’un spectacle plein de vie et de rafraîchissante jeunesse.
Michel Le Naour
Strasbourg, Opéra national du Rhin, 29 octobre 2013 ; prochaines représentations à Strasbourg les 3 et 5 novembre ; à Mulhouse (La Sinne) les 15 et 14 novembre ; à Colmar (Théâtre Municipal) le 28 novembre 2013.
Photo : Erik Kaiser
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