Journal
La formation professionnelle à la Fondation Royaumont – Du temps pour l’échange
Installée dans une ancienne abbaye cistercienne, la Fondation Royaumont, forte d’une importante capacité d’hébergement (1), a depuis l'origine été un lieu de rencontre, de dialogue, de transmission et de partage pour artistes et intellectuels. « Fondation Royaumont [Goüin-Lang] pour le progrès des Sciences de l’Homme » : le nom adopté par l’institution valdoisienne en 1964 dit la place importante qu’y occupèrent pendant longtemps les sciences humaines.
Avec l’arrivé de Francis Maréchal(2) à sa direction culturelle en 1977, Royaumont s’est résolument tournée vers la musique et la danse. Après le chant, la musique baroque (des pionniers tels que Christie et Jacobs furent présents très tôt), les « Voix nouvelles » ont fait leur apparition en 1984 avec Marc Texier. Une décennie plus tard, la danse contemporaine fit son entrée grâce à Suzan Buirge, suivie à partir de 1998 par les musiques transculturelles sous la houlette de Frédéric Deval.
Enfin, l’achat de la fabuleuse bibliothèque du pianiste et organiste François Lang en 2007, la restauration de l’orgue Cavaillé-Coll (terminée en 2009) et le rapprochement de Royaumont avec la Bibliothèque Gustav Mahler, dépositaire du Fonds Alfred Cortot, ont favorisé le développement d’un important programme Claviers, dont Sylvie Brély assure la direction artistique depuis 2011 (elle est par ailleurs déléguée générale aux programmes artistiques de la Fondation).
Les différents axes du développement de Royaumont depuis la fin des années 1970 ont donc tout naturellement déterminé ceux de ses ateliers de formation professionnelle, pour lesquels le processus de recrutement des stagiaires (un dizaine par atelier en moyenne) est actuellement en cours (3). Au nombre de 19 cette année, ils se partagent pour une douzaine d’entre eux entre les Claviers et les Voix. Le thèmes de l’éloquence romantique au piano, de la vocalité instrumentale occupent une place importante, sous la conduite d’artistes tels qu’Edoardo Torbianelli (en résidence à la Fondation), Alexei Lubimov ou Malcolm Bilson, mais l’orgue n’est pas négligé, avec un accent particulier mis sur le répertoire français du début du 20e siècle (Jean-Baptiste Robin pilote cet atelier), tandis que, pour le clavecin, Bertrand Cuiller, autre artiste résident, se concentrera sur les virginalistes anglais.
Côté Ateliers Voix (le programme voix et l’unité scénique de Royaumont sont placés sous la direction artistique d’Edouard Fouré Caul-Futy), de beaux moments d’échange et d’enrichissement se profilent pour des stagiaires qui auront le privilège de travailler Schubert avec Christophe Prégardien, l’opéra français avec Christophe Rousset, Mahler avec Bernarda Fink, Dufay avec Björn Schmelzer (directeur artistique de l’Ensemble Graindelavoix, en résidence à Royaumont), les Passions de Bach avec Raphaël Pichon (Pygmalion termine sa résidence cette année) et Christian Immler ou d'explorer les frontières de la polyphonie et de la polychoralité avec Lionel Meunier, sans oublier un atelier d’interprétation dramatique et musicale consacré à Une Tragédie florentine de Zemlinsky, sous la direction du metteur en scène Arthur Nauzyciel.
Nouveau directeur artistique du programme Voix nouvelles, Jean-Philippe Wurtz a réuni pour les ateliers 2016 les compositeurs James Dillon, Raphael Cendo et Pierluigi Billone et les Ensembles Talea et Exaudi, tandis que les musiques transculturelles font appel à Amir El Saffar et Magic Malik. Quant à la partie recherche et composition chorégraphiques, c’est Hervé Robbe, le directeur artistique de ce programme à Royaumont, qui encadre (4), avec des collègues tels que Claire Rousier ou Jean-Christophe Paré, des ateliers organisés en partenariat avec le CNSMD de Paris et le Centre National de la Danse Contemporaine d’Angers.
Quant au Festival de Royaumont, que Sylvie Brély décrit comme « une fenêtre sur ce qui est fait à Royaumont », sa programmation n’est pas encore définitivement fixée mais s’organisera autour des thèmes dessinés par les divers ateliers précités et permettra de retrouver des artistes impliqués dans l’abondante offre de la Fondation en matière de formation professionnelle. Pour l’édition 2016 de son Festival, Royaumont abandonne la formule en deux « épisodes » testée en 2015 et revient à une programmation d’un seul tenant, avec sept week-ends répartis entre le 27 août et le 9 octobre.
Alain Cochard
(23/02/2016)
(1) 45 chambres jusqu’à présent, 53 au terme des travaux qui se termineront en juin 2016
(2) Pour en savoir plus sur l’historique de la Fondation Royaumont :
www.concertclassic.com/article/musiqueetentreprise-la-fondation-orange-et-la-fondation-royaumont-fructueuse-rencontre
www.concertclassic.com/article/musiqueetentreprise-la-fondation-dentreprise-hermes-royaumont-concordance-de-valeurs
(3) Pour plus de détails : www.royaumont.com/fr/les-formations-professionnelles
(4) Hervé Robbe encadre aussi, avec la chorégraphe Judith Perron, le compositeur Jérôme Combier et des plasticiens et vidéastes (Christophe Cuzin, Jeff Guess) un atelier « Laboratoire Frictions »
Site de la Fondation Royaumont : www.royaumont.com
Photo © Agathe Poupeney
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