La Griserie de l’Acte I a fait tout le succès de La Périchole. Quel dommage lorsque l’on songe au travail novateur qu’entreprirent Offenbach, Meilhac et Halévy pour y  renouveler leur théâtre !
Adieu parodie du grand opéra – le nouvel ouvrage n’y sacrifie  qu’avec l’air de Piquillo au IIe Acte « Quel marché de bassesses » démarqué de La Favorite de Donizetti – bonjour comédie de mœurs où se glisse une pointe de critique sociale.

La Périchole a existé, Offenbach et ses librettistes se sont inspirés pour brosser leur personnage de la comédienne péruvienne Micaela Villegas qui fut la maîtresse du Vice-Roi du Pérou. Mais sur ce destin singulier, l’opéra bouffe d’Offenbach fait régner un théâtre de l’absurde subtilement réglé où perce une certaine amertume : littéralement le compositeur ne sait plus quelle direction prendre pour continuer à subjuguer son public. Celui-ci mordra d’ailleurs tièdement à ce nouvel hameçon en 1868 : 76 représentations en puis s’en vont. La reprise de 1874 viendra redorer son blason, et son humour décalé se trouvera enfin en accord avec les goûts des Parisiens.

Le Festival de Saint-Céré inaugure une nouvelle production de cet ouvrage bien plus subtil qu’il y paraît, signée par Benjamin Moreau et Olivier Desbordes. Iront-ils piller les sous-entendus historico-politiques qui foisonnent dans le texte de Meilhac et Halévy ? Certainement, car c’est ce qui donne à La Périchole son éternel ton contemporain.

Jolie distribution : Heloïse Mas se confrontera à la forte partie écrite par Offenbach pour Hortense Schneider et usera deux Piquillo : Max Larcher et Pierre-Etienne Roubet,  Philippe Ermelier campera le Vice-Roi, second rôle périlleux, et on surveillera un ténor d’avenir : Yassine Benameur. Les Chœur et l’Orchestre d’Opéra Éclaté seront emmenés par Jérôme Pillement.

Jean-Charles Hoffelé
 
Offenbach : La Périchole
3, 7, 11 et 15 août 2015
Saint-Céré - Halle des Sports
www.concertclassic.com/festival/festival-de-saint-cere

Photo © Guy Rieutort