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Le Barbier de Séville aux Arènes de Vérone – Un Barbier qui nous rase ! – Compte-rendu

 
Deux jours après la réussite pésaraise (1), cap sur les célèbres Arènes de Vérone pour assister à l’une des trois dernières représentations du Barbiere di Siviglia confié cette fois à Hugo de Ana. Dès les premiers accords de l’ouverture, quasiment inaudibles depuis les premiers rangs de l’orchestre, la question de ce titre dans un tel lieu se pose. Faut-il en effet maintenir cet opéra aux lignes aériennes et au comique spirituel, donné régulièrement depuis 1948, sur une scène aussi monstrueuse ? La réponse est un non catégorique, non seulement parce que le « travail » du metteur en scène italien est d’une pauvreté navrante – cet horrible décor unique censé représenter un jardin aux roses géantes, ces chorégraphies d’un autre temps, ces costumes d’une laideur affligeante, et parce que l’œuvre ne résiste pas à un traitement aux effets aussi appuyés.
 

© Ennevifoto

Cette galerie de personnages caricaturaux tout droit sortis d’un théâtre de marionnettes sont très vite insupportables, les oreilles n’étant qu’à de rares instants récompensées. Jack Swanson qui fait ici ses débuts après la défection de Lawrence Bronwlee (et qui venait rappelons-le de se faire remarquer au Festival Rossini de Pesaro dans ce même Barbiere di Siviglia ainsi que dans Il Viaggio a Reims) se tire avec les honneurs de ce Conte Almaviva répété en toute hâte, contraint de porter d’affreuses perruques et de garder pour lui son air de bravoure final, pas assez vendeur pour le lieu … Heureusement sa voix bien projetée passe la rampe et sa recherche de nuances demeure malgré un plateau démesuré.
 

© Ennevifoto

A ses côtés, le Figaro tout feu tout flamme de Davide Luciano fait le vide autour de lui et le personnage dessiné avec force s’impose avec évidence grâce à une voix vive, un débit éruptif et un indéniable panache. Corinna la veille à Pesaro, la mezzo Vasilisa Berzhanskaya ne fait pas illusion sur les « planches » véronaises dans le rôle de Rosina. Timbre éteint, vocalises paresseuses, ambitus réduit, la cantatrice n’a rien à dire, s’ennuie – et nous avec. Comme à Pesaro, Carlo Lepore campe un inénarrable tuteur (Bartolo), mais Alexander Vinogradov s’épuise en Basilio, comme Marianna Mappa dans celui de Berta.
Aux commandes de cette indigeste soirée, Georges Petrou qui assure également le continuo n’est pas le chef que l’on attend dans ce répertoire qui requiert esprit, légèreté et sens aiguisé du timing propre à toute comédie de cette espèce.

 
François Lesueur

(1) www.concertclassic.com/article/le-barbier-de-seville-au-festival-rossini-de-pesaro-2024-incontestable-qualita-compte-rendu
 
Rossini : Le Barbier de Séville – Arènes de Vérone, 24 août 2024
 
Photo © Ennevifoto

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