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Le Calmus Ensemble au Festival de la Vézère – Incomparable clarté - Compte-rendu
Quintette vocal fondé à Leipzig, le Calmus Ensemble présente un programme construit autour du répertoire de sa ville natale, dans lequel il se montre l’héritier de la grande tradition chorale germanique. Impossible évidemment de ne pas se placer sous le patronage de Bach duquel on entend en ouverture le Dir, dir, Jehova, will ich singen tiré du Schemellis Gesangbuch dont l’homogénéité recueillie contraste avec la jubilation éthérée de la fugue du motet Singet dem Herrn ein neues Lied. La version du Psaume 116, Das ist mir lieb, due à Schein, ramène à la profusion polyphonique de la Renaissance. Les cinq solistes de Calmus, qui, chacun leur tour, trouvent une tribune particulière – la basse Joe Roesler y offre une leçon de sobriété et d’efficacité –, privilégient l’unité spirituelle qui relie la variété des atmosphères.
L’équilibre caractérise aussi leur interprétation du motet de Bach Sei Lob und Preis mit Ehren. Celui de Johann Adam Hiller (1728-1804), Alles Fleisch ist wie Gras, au style plus tardif, exprime une profondeur de sentiment et un sens dramatique déjà romantique – tout particulièrement dans la section lente, la fugue étant de facture plus « classique ». Après un motet tiré de l’Opus 69 de Mendelssohn quelque peu disert, la première partie de la soirée se referme sur l’intériorité du Cantor de Leipzig, d’une inégalable économie – Liebster Herr Jesu extrait du Schemellis Gesangbuch et la lumineuse fugue du BWV 227 Jesu meine Freunde. La seconde partie du concert fait entendre l’assimilation du contrepoint vocal au XXe siècle. Reger, tout d’abord, en donne la relecture postromantique. Wir glauben an einen Gott séduit par des mezza voce délicatement mesurés, avant un Agnus Dei aux textures diaphanes que l’on retrouve dans un Nachtlied digne des plus grandes pages de Brahms. Hugo Distler (1908-1942), qui a étudié au Conservatoire de Leipzig, affirme dans les deux partitions choisies dans son Geistliche Chormusik op 12 un remarquable sens de la synthèse stylistique tel que la pratiquait Bach. Avec And why ?, basé sur le Psaume 116, commandé par Calmus en 2010 à Bernd Franke (né en 1959) – l’ensemble a d’ailleurs dans son répertoire un programme entièrement consacré à ce psaume – la polychromie vocale est spatialisée dans la nef. La vaste palette des moyens utilisés, du parler au murmure, rappelle la Renaissance, et la précision exemplaire des interprètes souligne parfaitement la fusion du son et sens que réalise ici Franke.
Concluant la soirée, après Ich halte treulich still du Schemellis Gesangbuch, l’Alleluja du motet Lobet den Herrn, alle Heiden, fait retentir d’ultimes accents d’éternité dont Bach a décidément le secret. Le religieux résonne encore dans le bis, Dieu qui l’a fait, extrait des Trois chansons de Debussy. Calmus y compense par la beauté vocale une maîtrise perfectible de l’intonation française que l’on pardonnera aisément. Intelligence, clarté sonore exceptionnelle, telles sont les qualités d’un ensemble qui mériterait plus d’audience en France – et que le 33ème Festival de la Vézère a eu le nez d’inviter.
Gilles Charlassier
Tulle, Cathédrale, 20 août 2013
Site du Calmus Ensemble :
http://calmus.de/en/about-us/biography
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Photo : DR
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