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« Le Japon a mis le paquet ! » - Une interview de Peter Csaba
Une interview de Peter Csaba, directeur et chef de l’Orchestre de Besançon, membre du jury du 51e Concours international de jeunes chefs d’orchestre.
Vous avez participé aux présélections du 51e Concours de Besançon et donc auditionné… 257 candidats ! Quel bilan en tirez-vous ?
Peter Csaba : Je voudrais avant tout dire qu’il est quand même formidable de constater que tant de jeunes veulent se dédier à la direction d’orchestre et se préparent en général sérieusement. Parmi les 257 candidats (près d’une cinquantaine de nationalités) que j’ai auditionné cet année, il y en avait, comme toujours, quelques uns qui n’étaient pas prêts, mais globalement le niveau était élevé. C’est une chose réjouissante pour moi s’agissant de l’avenir de la musique classique. On voit qu’elle suscite de l’intérêt et le comportement de tous ces jeunes donne tort à ceux qui parlent d’élitisme ou de je ne sais quoi à son sujet. La musique classique à sûrement un grand avenir dans les pays d’Asie. En Europe il faudrait que nous fassions attention, car on perd certaines choses dans certains pays.
La question de la direction d’orchestre est : « où peut-on apprendre, avec qui ? » Il s’agit d’une chose plus délicate encore que l’apprentissage du piano, du violon, du violoncelle ou d’un autre instrument en ce sens qu’il y a moins de grands pédagogues. La chose n’est pas simple pour les jeunes et ceux qui se dédient à la direction d’orchestre sont d’autant plus méritants. Les vingt candidats présents au début du 51e Concours étaient tous remarquablement préparés – le parcours de chacun ensuite est une autre affaire...
Vous venez d’évoquer des perspectives prometteuses pour la musique classique en Asie. Deux des trois finalistes du 51e Concours étaient des Japonais ? Que se passe-t-il donc au Japon pour arriver à ce résultat ?
P. C. : Kazuki Yamada, qui vient de remporter le 51e Concours, s’était présenté il y a deux ans. Il était déjà très intéressant à ce moment là, mais pas suffisamment préparé. Je l’avais encouragé à revenir – ce qu’il n’a pas manqué de me rappeler hier soir en m’embrassant au moment de la remise du Prix. Depuis 2007, il a séjourné en Allemagne, il a élargi son horizon musical.
Le Japon a « mis le paquet », pour parler familièrement, et depuis une vingtaine d’années, qu’il s’agisse des instrumentistes ou des chefs, des fondations aident à la préparation des jeunes talents (en favorisant les déplacements à l’étranger, etc.), ensuite, au Japon, elles donnent la possibilité aux jeunes musiciens de pratiquer leur art, de gagner en expérience. Il n’y a que de cette façon que l’on peut obtenir des résultats, en mettant le paquet, comme cela a également été le cas en Finlande.
Depuis une trentaine d’années, ce pays connaît un développement musical incroyable ! J’y ai d’ailleurs été très activement impliqué, d’abord comme violoniste, puis en tant que chef puisque j’y ai fondé un orchestre. La Finlande a consacré des budgets importants à la musique et, qu’il s’agisse des instrumentistes, des chefs, des compositeurs, mais aussi des managers et de tous ceux qui organisent la vie musicale, elle en récolte désormais les fruits !
Propos recueillis, le 20 septembre 2009 par Alain Cochard
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Photo : DR
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