On avait dit, lors du dernier Temps d’Aimer à Biarritz (1), le plaisir ressenti en découvrant ces deux œuvres accolées pour un hommage à Stravinski, biarrot de fréquentation, et dont le cinquantenaire de la mort était ainsi dignement fêté. Revoici la vaillante troupe dirigée par Thierry Malandain dans ce même programme, de superbe composition. Pour  L’Oiseau de Feu, que Malandain s’est réservé, voilà un être de lumière, flamboyant, blessé par les laideurs du monde et portant en lui, tel le Phoenix, l’essence d’une résurrection, d’une pureté retrouvée. Contrastes saisissants, mystique et esthétique mêlées, les images sont fortes, prenantes. Ensuite, Le Sacre du Printemps, dangereux pari, car illustré par des génies :  Martin Harriagues, associé à la compagnie biarrote et assurément le plus doué de la nouvelle génération de chorégraphes français, y tient bon, se rattachant, lui aux sources primitives martelées par le tandem Stravinski-Nijinski et montrant l’animalité du rite sacrificiel, à l’opposé de l’espoir éthéré que porte L’Oiseau de Feu. La troupe, dans une excellente forme à ce jour, rend justice à ces deux univers à la fois proches et opposés.
 
Jacqueline Thuilleux

Théâtre de Chaillot, du 4 au 12 novembre 2021. www.theatre-chaillot.fr
 
(1) www.concertclassic.com/article/le-temps-daimer-biarritz-31e-edition-de-tout-et-beaucoup-compte-rendu

Photo © Olivier Houeix