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Le Nozze di Figaro à l’Opéra de Marseille – Escape game mozartien – Compte-rendu

Les Noces de Figaro de Mozart à l'Opéra de Marseille

A l’heure des escape games où des participants en immersion dans un lieu insolite sont invités à résoudre une série d’énigmes, il n’est pas surprenant qu’un tel concept se retrouve sur un plateau de théâtre. C’est ce à quoi l’on pense en tout cas, en découvrant les nouvelles Nozze di Figaro mises en scène par Vincent Boussard. Pendant l’ouverture quantité de personnages vêtus comme l’étaient les Incroyables et le Merveilleuses sous la Révolution Française (V. Boussard et Elisabeth de Sauverzac signent les costumes), s’affairent dans une sorte de grenier où sont entassés meubles, sièges, jouets d’enfant, bibelots et même sur une méridienne, endormie, la Comtesse recouverte d’une robe de mariée. Ces figurants aux gants colorés préparent ce qui semble être un jeu de rôles, avant de disparaitre pour laisser la place aux Nozze di Figaro.
La comédie peut alors commencer, les personnages entrent en scène, certains en costumes d’époque comme Le Comte, d’autres en vêtements d’aujourd’hui (tailleur noir pour la Comtesse, robe courte, collants verts et Doc Martens pour Susanna) ; chacun se met à jouer une histoire, celle du mariage de deux employés de maison qui aimeraient éviter que leur maître n'exerce son droit de cuissage. S’ensuivent une foule de péripéties, cette journée au château révélant au grand jour une crise à tous les étages et pour tout le monde, quelle que soit la condition sociale. Le couple formé par le Comte et la Comtesse bat de l’aile, le page Cherubino ne sait pas se tenir et met toutes les femmes en émoi, tandis que les plans élaborés par Marcellina et Bartolo volent en éclats lorsqu’ils découvrent que Figaro est leur fils : bref, rien ne va plus.

Les Noces de Figaro à l'Opéra de Marseille

© Christian Dresse

Si le cadre bénéficie d’une scénographie élégante et de bon goût (Vincent Lemaire), avec ces tulles sur lesquels sont projetées de vaporeuses images, ces papiers peint raffinés aux motifs mordorés et cette boîte penchée, symbole de l’espace psychologique de la Comtesse, on regrette que la scène du jardin au 4ème acte n’ait pas fait l’objet de plus d’attention pour renouveler une direction d’acteur qui manque alors de tension. Autre écueil qui pénalise l’ensemble, la manière de souligner certains aspects du livret, qui ralentit le temps de la pièce, défaut accusé par la direction émolliente de Mark Shanahan. Incapable de respecter le rythme bondissant insufflé par Mozart, la partition se traîne et le vif-argent des Nozze se transforme en plomb.  La belle voix de basse aux graves profonds de Mirco Palazzi (Figaro), se distingue de celle, plus claire et plus brillante, de Christian Federici, Comte particulièrement séduisant. Anne-Catherine Gillet offre une savoureuse Susanna qui ne s’en laisse pas compter, contrainte malheureusement d’expédier son« Deh vieni non tardar » pour suivre d’aberrantes directives musicales, tandis qu’Antoinette Dennefeld ne sait pas limiter les décibels qui envahissent les deux airs de son Cherubino fortement testosteroné. Marc Barrard (Bartolo) et Marie-Ange Todorovitch (Marcellina) croquent avec délice leurs personnages bouffes, comme les comprimari Raphael Brémard (Basilio), Carla Ghazarossian (Don Curzio) et Philippe Ermelier (Antonio), sans oublier la Barbarina de Jennifer Courcier.

Les Noces de Figaro à l'Opéra de Marseille

Patrizia Ciofi (la Comtesse) © Christian Dresse

Elégantissime dans son tailleur pantalon noir, puis dans la robe blanche de Susanna, avant de revenir en robe de gala façon Violetta Valery, Patrizia Ciofi est une Comtesse émouvante et fragile, comme l’on pouvait si attendre. Difficile toutefois pour l’auditeur de cette première, de juger cette prise de rôle préparée avec le plus grand soin, des récitatifs nourris de mille inflexions, aux deux airs chantés avec la noblesse et le brio dont la cantatrice est coutumière, celle-ci ayant été prise d’un malaise à la toute fin de l’ouvrage. Distante et perceptiblement moins engagée après un admirable « Dove sono », Patrizia Ciofi avait montré quelques faiblesses qui ont trouvé leur explication au rideau final. La cantatrice va heureusement mieux et a pu assurer la seconde représentation du mardi 26.

François Lesueur

Mozart : Le Nozze di Figaro – Opéra de Marseille, le 24 mars 2019 ; prochaines représentations les 29 et 31 mars, 3 avril 2019 // opera.marseille.fr/programmation/opera/le-nozze-di-figaro

Photo © Christian Dresse

 

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