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Le Saint-François d’Assise de Gounod retrouvé - Sobriété émue - Compte-rendu
La recréation mondiale du Saint-François d’Assise de Gounod, une partition de 1890-91 longtemps considérée comme définitivement perdue – et parfois même comme n’ayant jamais dépassé l’état de projet - : l’événement était de taille et explique que le Festival d’Auvers-sur-Oise ait fait le déplacement à Paris, à l’église Saint-Eustache, pour une soirée exceptionnelle.
Parmi les protagonistes de l’événement, Jean Guillou, titulaire de l’impressionnant orgue du lieu, ouvre la soirée par une belle improvisation où se lit immédiatement la couleur harmonique très personnelle l’artiste.
Patrick Marco était initialement prévu pour diriger l’ensemble des œuvres vocales inscrites au programme de la soirée. Les conséquences d’une lâche agression il y a quelques jours ont obligé celui qui préparait depuis longtemps les retrouvailles du public avec la partition de Gounod à ralentir ses activités et à passer la main à son collègue Benjamin Lévy.
Patrice Marco a néanmoins tenu à être présent pour conduire la Maîtrise de Paris dans Ego flos cami et les Cantigas d’amigo de Bo Holten (né en 1948). La diversité des climats n’est pas la qualité première de ces ouvrages du Danois – et l’acoustique de Saint-Eustache ne joue pas en leur faveur sur ce point - mais on ne peut qu’apprécier le soin extrême que P. Marco et ses jeunes voix apportent à leur exécution - « … prepare to go », époustouflant de précision dans le rebond, en conclusion des Cantigas d’amigo !
Avec le renfort de l’excellent Ensemble vocal Aedes, de l’Orchestre Pelléas, de Tuomas Katalaja (ténor), de Frédéric Bourreau (basse) et de Jean Guillou, Benjamin Lévy s’attaque ensuite à l’oratorio Saint-Françoise d’Assise. En deux volets (La cellule – La mort), l’ouvrage se singularise par la concision (moins d’une demi-heure au total) et le ton d’une partition dont le lyrisme retenu et la sobriété émue s’accordent parfaitement au sujet jusqu’à une sereine conclusion.
Sous la conduite attentive et nuancée de Benjamin Lévy, toutes les forces musicales réunies donnent les meilleurs d’elles-mêmes avec une émotion et une tendresse qui ne versent jamais dans la fadeur ou la sentimentalité. Une réussite à laquelle on ne manquera évidemment pas d’associer Patrick Marco !
Point de fadeur non plus – quelle prodigieuse santé plutôt ! – avec la Fantaisie et fugue sur le nom de BACH de Liszt enflammée par Jean Guillou en début de seconde partie. On salue bien bas la verdeur et l’imagination sonore avec lesquelles, à quatre-vingt ans sonnés, le titulaire de Saint-Eustache porte l’ouvrage.
Année Liszt oblige, la conclusion de la soirée revient au rare Psaume 13 « Herr, wie lange » que Benjamin Lévy défend avec ferveur et conviction. L’acoustique d’une salle de concert rendrait mieux justice au travail et à l’engagement des interprètes que celle du grand vaisseau de Saint-Eustache, mais on ne boude toutefois pas son plaisir au terme d’une soirée aussi originale que réussie.
A propos de Saint-Eustache, signalons aux amateurs d’orgue que le Festival 2011 dédié à cet instrument est en cours : après Eric Lebrun le 29 juin, on entendra Weicheng Zhao le 6 juillet et, pour conclure, Jorg Abbing le 12 juillet.
Alain Cochard
Paris, église Saint-Eustache, 23 juin 2011
Festival d’orgue de Saint Eustache : www.orgue-saint-eustache.com
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