Britten s’extirpait enfin des complications de Gloriana, l’opéra pseudo-elisabéthain qu’il avait brillamment troussé à l’occasion du sacre d’Elisabeth II, lorsque il reçu la commande d’un nouvel ouvrage lyrique pour La Fenice. On lui laissait cette fois le libre choix du sujet. Toujours friand de ghost stories, Britten accepta d’emblée la proposition de Myfanwy Piper : mettre en musique la nouvelle d’Henry James The turn of the screw. Piper savait que la présence des enfants au cœur même de l’ouvrage inspirerait Britten – il ne faisait plus mystère du plaisir qu’il éprouvait à s’entourer d’enfants ou de jeunes adolescents – mais elle offrit surtout au compositeur un livret qui est la perfection, poussant la logique d’Henry James jusqu’à un point de non retour.

La force inaltérée du Tour d’écrou, c’est d’abord sa structure dramatique implacable. Sur cette froide mécanique, Britten a régénéré son art, revenant au petit orchestre du temps de l’English Opera Group, aiguisant son langage, lui donnant une densité poétique qui saisit l’auditeur dès le prologue. L’Orchestre-Atelier Ostinat0 et Jean-Luc Tingaud emportent dans leurs bagages un spectacle signé Olivier Bénezech (photo). On a encore dans l’œil et dans l’oreille un remarquable Medium, gageons que The turn of the screw sera aussi réussi.

La distribution réunie par La Clef des champs (Association régionale de décentralisation lyrique région Nord-Pas de Calais), composée de jeunes chanteurs anglophones tous à découvrir est une raison de plus pour ne pas bouder cette nouvelle mise en scène qui se verra d’abord au Théâtre d’Arras puis à l’Opéra de Reims avant de s’installer quelques temps à l’Athénée puis à l’Opéra de Lille.

Jean-Charles Hoffelé

Britten : Le tour d’écrou

Théâtre d’Arras, 29 et 30 septembre

Opéra de Reims, 4 octobre

Théâtre de l’Athénée, Paris, les 13, 14, 15 et 16 octobre

Le Phoenix, Valenciennes le 20 octobre

Opéra de Lille, les 12, 13 et 15 décembre 2011

Rens. : www.laclefdeschants.com

> Vous souhaitez répondre à l’auteur de cet article ?

> Lire les autres articles de Jean-Charles Hoffelé

Photo : DR