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Les Saisons de Haydn par le Palais Royal - Guérets et halliers - Compte-rendu
Dans le cadre flatteur de l’historique salle de l’ancien Conservatoire, rue du Conservatoire à Paris, Le Palais Royal présente Les Saisons de Haydn. Mais dans une lecture différente, qui en fait tout l’attrait : puisqu’il s’agit de la version sur un livret en français. À l’instar de ce qu’avait réalisé cette même formation pour La Création du même Haydn (1). Si ce n’est que cette fois, cela concerne bien une version originale, ou plutôt de l’une des deux versions du livret à côté de celle en allemand, de la première partition publiée en 1802.
On se plaît ainsi à saisir les paroles, et mieux la trame de ces intempéries champêtres. On relève quelques archaïsmes, comme les mots « guéret » (terre labourée) ou « hallier » (buisson touffu). Mais avouons que ce français d’époque, signé comme le livret allemand par Gottfried van Swieten (à un moment où le français était le véhicule de la culture européenne), n’atteint pas toujours la beauté de la langue d’un Quinault (le librettiste de Lully). Avec aussi quelques fautes de prosodie…
Cette version n’en fit pas moins les beaux soirs des concerts parisiens, dans cette même salle du Conservatoire, comme en 1858 quand Berlioz s’en fait l’écho élogieux. Pour ensuite disparaître. Ainsi que la salle elle-même dans sa vocation musicale en 1967, suivie d’une malencontreuse refonte en salle de théâtre en 1985, elle qui avait été vantée depuis le début du XIXe siècle comme un modèle acoustique. Nostalgie…
Mais cette acoustique n’en possède pas moins des restes saisissants. Si l’on en juge par le rendu sonore du concert du Palais Royal, avec la puissance vibrante des chœurs, des solistes portés sans forcer et des détails lisibles d’orchestre. Sachant que la restitution musicale se révèle digne du propos. Sous la direction vigilante et passionnée de Jean-Philippe Sarcos, les choristes s’expriment d’un bel ensemble comme les instrumentistes. La soprano Clémence Barrabé dégage un large souffle, alors que ses deux partenaires vocaux, le ténor Sébastien Obrecht et la basse Aimery Lefèvre, ne déparent pas. Un moment choisi, souvent intense, qui va bien au-delà de la simple curiosité de la redécouverte.
Pierre-René Serna
Haydn : Les Saisons (version française) – Paris, Salle du Conservatoire d’art dramatique, 2 mars 2017.
1) voir : www.concertclassic.com/article/la-creation-de-haydn-par-le-palais-royal-au-conservatoire-dart-dramatique-en-francais-comme
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