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Lili Boulanger : «une maturité presque irréaliste » - Une interview de Boris Mychajliszyn, chef associé du Chœur Régional Vittoria d’Île-de-France
Adjoint de Michel Piquemal à la tête de l’Ensemble vocal professionnel de ce dernier depuis une quinzaine d’années, Boris Mychajliszyn a déja eu l’occasion de travailler avec le Chœur Régional Vittoria d’Île-de-France durant cette période. Nommé chef associé de cette formation en février 2011, il dirige (le 17 juin à Paris) un passionnant programme en hommage à Lili Boulanger (1893-1918), organisé en partenariat avec le Centre International Nadia et Lili Boulanger(1). Des pages de la compositrice précocement disparue s’y mêlent à des ouvrages de Fauré et Debussy : les amoureux de musique française des premières années du XXe siècle se régalent par avance.
Quel est le profil général du programme en hommage à Lili Boulanger que vous donnez le 17 juin à Paris, en l’église Notre-Dame des Blancs-Manteaux ?
Boris MYCHAJLISZYN : Toutes les pièces que nous donneront ont été composées vers l’âge de 17- 18 ans. On pourrait penser qu’il s’agit d’œuvres « de jeunesse » et l’on est surpris par la maturité presque irréaliste d’une jeune fille qui possédait des dons musicaux plus qu’extraordinaires.
C’est toute l’ambiance musicale française du début du XXe siècle que l’on va retrouver car les ouvrages de Lili Boulanger seront en compagnie de pièces de Fauré, l’un de ses premiers professeurs, et de Claude Debussy, mort dix jours après elle.
Qu’y a-t-il de singulier dans la manière dont Lili Boulanger traite la masse chorale ?
B.M. : Elle a traité chaque partie vocale (sop., alt., tén. , basse) comme une partie de soliste de mélodie française. Prenons la partie d’alto, généralement celle-ci vient donner une couleur harmonique à l’ensemble de la composition. Chez Lili Boulanger, si l’on ne fait chanter que le pupitre d’alto, on entend une mélodie française de bout en bout ; on la suit avec ses mélismes, ses reliefs. Chaque partie du chœur est traitée de manière bien recherchée. La difficulté lorsque l’on se met à déchiffrer est que l’on trouve face à un magma sonore pratiquement incompréhensible où chacun défend sa partie. Il a été très intéressant pour moi et les choristes de mener un travail de fond, d’une grande précision, pratiquement note par note, mot par mot, pour parvenir à rendre lisible le texte (généralement chanté à quatre voix et en décalé ; il y a très peu d’homorythmie) à la première écoute pour l’auditeur. C’est un travail de longue haleine.
Quels sont vos projets avec le Chœur Vittoria sur la saison prochaine ?
B.M. : Nous avons un grand projet autour d’une messe de l’un des frères Caillebotte. On a beaucoup parlé de Gustave et Martial Caillebotte ces temps derniers en raison de l’exposition qui leur est dédiée au musée Jacquemart-André. Outre la photographie, Martial (1853-1910) se consacrait à la musique et nous avons eu envie de la faire découvrir au public. Il y aura également des programmes plus traditionnels : Poulenc (le Gloria, entre autres), ou le Requiem de Mozart, donné lors d’une tournée en Île-de-France qui s’inscrit dans le cadre de notre mission régionale.
Quelques mots pour conclure sur le fonctionnement du Chœur Régional Vittoria, constitué de chanteurs amateurs de haut niveau…
B.M. : Depuis deux ans nous fonctionnons avec une moyenne de 50-60 choristes. Comme dans certains chœurs professionnels, on vérifie régulièrement que l’évolution est là, que la technique vocale demeure, tout comme la motivation. C’est un peu déstabilisant pour certains car on pourrait penser qu’une fois entré dans le chœur on est à l’abri de tout souci, mais nous restons très vigilants. Il reste que nos choristes ont une vie professionnelle et familiale à côté, et d’autres passions. Certains au bout de deux ou trois ans décident parfois d’aller voir ailleurs. Ce qui nous permet de renouveler les pupitres. Nous sommes en ce moment dans une intense période de recrutement : beaucoup de gens se présentent, nous faisons une audition toute les semaines, mais compte tenu de notre exigence nous en retenons peu.
Propos recueillis par Alain Cochard, le 1er juin 2011
Pour en savoir plus sur les activités du Centre International Nadia et Lili Boulanger : http://www.cnlb.fr/bfr/centre/acc_centre.html
Hommage à Lili Boulanger
(Œuvre de L. Boulanger, Fauré, Debussy)
Chœur Régional Vittoria d’Île-de-France, dir. Boris Mychajliszyn
Jean-Baptiste Henriat ( baryt.) et Mathias Lecomte (piano)
17 juin 2011 – 20h 45
Paris 75004 – Eglise Notre-Dame des Blancs-Manteaux
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Photo : DR
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