Journal

Louis Langrée dirige l’Orchestre de Paris - Retour remarqué - Compte-rendu

Une ouverture, un concerto, une symphonie : en apparence traditionnel, le programme de ce concert de l’Orchestre de Paris sort pourtant des sentiers battus. Outre la présence de l’Ouverture tragique de Brahms, il permet de découvrir le Concerto pour deux pianos en mi majeur de Mendelssohn, et de réentendre la Symphonie de César Franck que l’on interprète si peu aujourd’hui. A la tête d’une phalange qu’il connaît très bien – il en fut l’assistant entre 1989 et 1992 –, Louis Langrée fait un retour remarqué.

Dès l’Ouverture tragique, le ton est donné : hauteur de conception, profondeur du son, sens de la construction et de la finition. Le Concerto pour deux pianos de Mendelssohn n’est pas un chef-d’œuvre comme l’Octuor ou l’Ouverture du Songe d’une nuit d’été, mais il est parcouru par un air léger et printanier dont les deux solistes, Bertrand Chamayou et Jean-Frédéric Neuburger tirent le meilleur parti. Classicisme du jeu, souplesse de la ligne, beauté digitale, caractérisent une interprétation sans fioritures qui va droit son chemin. Les deux bis (l’Etude en canon de Schumann et Dolly de Fauré) témoignent de l’esprit de connivence qui unit les deux pianistes.

Avec la Symphonie de Franck, Louis Langrée est en terrain connu (il en a gravé une version de référence avec l’Orchestre Philharmonique de Liège). Tenue de bout en bout par un souffle puissant de grand orgue, soulevée par un élan communicatif (Allegro non troppo), subtilement agencée (Allegretto), l’œuvre s’élève sur les cimes. Les musiciens de l’Orchestre de Paris, sous une telle direction, font corps aussi bien dans la fluidité des transitions que sur le plan de la pulsation rythmique ou de la recherche de couleurs sombres et mordorées. Mû par une fougue péremptoire, le fébrile final emporte tout sur son passage et rend ses lettres de noblesse à cette partition d’une ampleur peu commune.

Michel Le Naour

Paris, Salle Pleyel, 4 avril 2013

> Vous souhaitez répondre à l’auteur de cet article ?

> Lire les autres articles de Michel Le Naour

Photo : Mark Lyons, courtesy of the Cincinnati Symphony Orchestra
 

Partager par emailImprimer

Derniers articles