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Manon à l’Opéra Bastille - A oublier - Compte-rendu
Cinéaste reconnue, on attendait de Coline Serreau qu’elle apportât à la mise en scène de Manon une touche de fantaisie à l’instar de ses précédentes productions à la Bastille (La Chauve-souris et Le Barbier de Séville). Un sentiment de provocation inutile et de volonté systématique d’épater le bourgeois président à une conception où l’on mélange les genres entre costumes punk, perruques versaillaises, motos, patins à roulettes, sans jamais vraiment épouser un style et surtout rendre à Massenet ce qui lui revient. Aucun humour, aucune tendresse, aucune sensualité ! Il faut attendre la scène finale pour que l’émotion affleure. On se demande si Coline Serreau aime vraiment cette œuvre.
Le chant n’est hélas pas non plus au rendez-vous. Natalie Dessay flotte dans le personnage à la fois frivole, sincère et passionné de l’héroïne marquée par le destin. Souffle court, voix instable, caractérisent son incarnation de femme perdue dans le grand vaisseau de la Bastille. Son intelligence de la scène ne réussit pas à faire oublier le fait qu’elle ne possède pas le timbre requis pour Manon. Le chevalier des Grieux de Giuseppe Filianoti évolue dans un registre de vocalité italienne éprouvant des difficultés non seulement à se faire entendre en français, mais aussi à se montrer crédible théâtralement. La légèreté n’est pas le point fort de Franck Ferrari qui campe un Lescaut brut de décoffrage. Son accoutrement et sa coiffure de porc-épic le desservent. Malgré des faiblesses d’émission et une certaine opacité de la voix, il réussit toutefois à imposer avec autorité sa stature de fripon. Paul Gay est un comte des Grieux noble et d’une tenue impeccable mais trop rigide.
Nul besoin d’épiloguer sur les coupures, aussi bien dans le texte que dans les ballets : le rôle de Guillot de Morfontaine de l’excellent Luca Lombardo s’en trouve réduit à la portion congrue. Evelino Pidò privilégie une direction vivante et dynamique, au détriment de l’élégance ou de la fluidité. Les éclats sonores sont souvent plus proches du vérisme que du style si raffiné de Massenet. Quelle déception !
Michel Le Naour
Massenet : Manon - Paris, Opéra Bastille, 14 janvier, prochaines représentations les 18, 22, 25, 28 janvier et les 2, 5, 10 et 13 février 2012. www.operadeparis.fr
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Photo : Opéra national de Paris/ Charles Duprat
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