Journal
Metz - Compte-rendu : La Chauve-souris - Des étoiles dans les yeux
En cette période de trêve des confiseurs, le Grand Théâtre de Metz respecte la tradition et propose une Chauve-souris revisitée par Jean-Louis Grinda – à partir la version originale allemande. Dans de superbes décors de Rudy Sabounghi, complétés par la richesse des costumes de Danièle Barraud, cette production vous entraîne dans un tourbillon et ne vous lâche pas un instant, de la première note à l’ultime barre de mesure.
Le mérite en revient tout d’abord à la direction toute en finesse et dans le plus pur style viennois de Claude Schnitzler, qui renouvelle ici la grande leçon qu’il nous avait donnée lors du splendide Wiener Blut de Nancy. Après un léger dérapage des cordes lors des premières mesures de l’ouverture, le National de Lorraine offre une palette de couleurs des plus alléchantes : cordes soyeuses, cuivres profonds sans lourdeur, petite harmonie qui cisèle sa partie comme une fine dentelle - Vienne resplendit de tous ses feux ! Mais ne pourrait-on pas améliorer une acoustique qui fait sonner l’orchestre avec sécheresse ?
Diamant à mille facettes que la distribution réunie par Eric Chevalier. Nathalie Gaudefroy, au timbre fruité, brille grâce à des aigus d’une grande légèreté. S’y ajoute une intelligence de la scène qui nous vaut une Adèle très élégante. Cécile de Boever (Caroline), physique de star, voix ronde aux aigus dardés, compose un personnage fouillé. Le deuxième acte (éblouissante Czardas) offre une grande leçon de comédie et de musicalité.
Delphine Haidan incarne un Prince Orlofsky à l’androgynie parfaite, mais dont on regrette le manque total d’articulation. Comment peut-on accepter un tel sabir ? Le Gaillardin de Didier Henry domine le cast. Cet excellent comédien et grand diseur – il fut un sublime Pelléas ? - survole une tessiture, confiée généralement à des ténors, avec une rare élégance, un sens naturel du phrasé qui culmine sur des aigus solaires. Quelle leçon !
Florian Laconi rayonne de clarté et de franchise vocale dans le personnage d’Alfred – où il livre une magistrale caricature de ténor d’opéra.
Duparquet bien chantant de Lionel Peintre, auquel on peut juste reprocher un manque de velours dans le timbre, ce qui à pour effet d’occulter une partie du charme du célèbre Brüderlein. Excellent Tourillon de Jean-François Vinciguerra, complété par le truculent Leopold de Daniel Desmars. Chœur à la diction parfaite et au chant stylé préparé par Jean-Pierre Aniorte. Ballet somptueux de L’Opéra-Théâtre de Metz.
Un spectacle réjouissant qui vous met des étoiles dans les yeux !
Bernard Niedda
Opéra-Théâtre de Metz, 22 décembre. Prochaines représentations les 26, 30 et 31 décembre 2007.
Photo : Opéra de Paris
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