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Metz - Compte-rendu : Orchestre National de Lorraine - La Reine Isabelle


Présenter la seconde école de Vienne conjointement avec la première en la personne de Beethoven, voilà une idée plus qu’intéressante. C’est ce que propose Le chef Wolfgang Doerner dans un programme regroupant la Passacaille de Webern, le Concerto pour violon « A la mémoire d’un ange » de Berg et la 7ème Symphonie de Beethoven.

Dès les premières notes de l’Opus 1 de Webern (pizzicati des cordes dans un impalpable pianissimo), le ton est donné. La transparence des cordes de l’Orchestre National de Lorraine donne un caractère évanescent à l’œuvre et nous plonge dans un rêve éveillé que vient seule rompre la rugosité des cuivres - aux attaques parfois incertaines... Le splendide mélange d’austérité et de brio est admirablement mis en valeur par une direction rigoureuse et énergique. Le forte final, comme suspendu dans las airs, attend en vain sa conclusion. A souligner, la sonorité chaleureuse du violoniste supersoliste Denis Clavier.

Isabelle Faust est l’interprète du Concerto « A la mémoire d’un ange » de Berg. Son jeu d’une grande fluidité, fait ressortir toute la tendresse de la première partie dédiée à Manon, entrecoupée par des coups d’archet rageurs qui traduisent parfaitement l’exubérance de l’enfance décrite dans le Scherzo. Le deuxième mouvement, attaqué à la corde avec une sonorité âpre, dépeint avec force la lutte contre la maladie, que vient entrecouper tel un rayon de lumière, avec une sonorité d’une infinie douceur, la citation du choral de Bach O Ewigkeit du Donnerwort. La conclusion permet à la soliste de finir dans un soupir d’une rare pureté. Sublime !

La seconde partie de la soirée donne à entendre une interprétation virevoltante de la Septième de Beethoven, où se justifie amplement la formule de Wagner : l’ « Apothéose de la danse ». C’est sur une battue à deux temps que Wolfgang Doener installe les quatre mouvements de l’oeuvre. Le geste souple et précis, permet au premier accord de laisser chanter le hautbois à la sonorité chatoyante de Sylvain Ganzoinat. Avec le soutien des cordes graves, impressionnant et sans lourdeur, le premier mouvement s’épanouit pleinement.
L’Andante trouve son assise grâce à l’accent le chef imprime sur la seconde croche du dessin musical qui parcourt tout le mouvement. Une alternance de forte/piano admirablement maîtrisée en accroît l’impact.

Enchaînés, les 3ème et 4ème mouvements explosent dans un tempo infernal. Avec ses sonorités profondes, le splendide pupitre de cors rayonne, tandis que le quatuor s’appuie sur des violoncelles et contrebasses qui mènent la danse avec force conviction.

Bernard Niedda

Arsenal de Metz, le 19 septembre 2008

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Photo : DR

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