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Milhaud chez Eschyle - Jean-Claude Casadesus dirige Les Choéphores de Milhaud

Habilement équilibrée entre des opus célèbres et des compositions plus rares, la saison de l’Orchestre National de Lille invite bientôt à la découverte d’un magnifique programme donné (à Lille puis à Paris) avec le Chœur Régional Nord-Pas de Calais. Sous le titre « Anges et Démons » deux ouvrages : l’un de Francis Poulenc, l’autre de Darius Milhaud.

Il n’est guère besoin de présenter le Gloria du premier, l’une de ses plus fameuses réalisations. En compagnie de ce « tube » de la musique française sacrée du XXe siècle, Jean-Claude Casadesus a eu la riche idée de placer Les Choéphores (1915) de Darius Milhaud. La traduction de l’Orestie d’Eschyle par Paul Claudel donna en effet lieu à une collaboration de l’écrivain avec le musicien aixois pour la trilogie Agamemnon - Les ChoéphoresLes Euménides. En leur temps, un Bernstein ou un Markevitch ne manquèrent pas de faire honneur aux Choéphores - leurs enregistrements sont respectivement disponibles chez Sony et DG –, mais l’ouvrage est hélas trop oublié de nos jours.

On se félicite de voir les musiciens lillois et leur infatigable patron se confronter à ce que René Dumesnil décrivait comme « une musique élémentaire, c'est-à-dire réduite à l’élément primitif et essentiel ». Quant à Milhaud il qualifia lui-même de « sauvages et cannibalesques » certains passages de sa partition. Du prolifique compositeur français, on ne connaît parfois que les sympathiques Bœuf sur le toit (qui ouvre d’ailleurs le programme à Lille), Saudades do Brasil ou Scaramouche ; à l’instar du Pauvre matelot dans un genre bien différent, Les Choéphores dévoilent un autre visage de Milhaud. De la Vocifération funèbre devant le tombeau d’Agamemnon à la victoire finale d’Oreste, le chef-d’œuvre oublié que s’apprête à défendre le maestro lillois, avec les voix d’Olga Pasichnyk, Nora Gubisch et Wolfgang Holzmair et Nicole Garcia en récitante, réserve de beaux instants d’émotion - d’autant que l’Orchestre National de Lille l’aborde revigoré par un récent apport de sang neuf !

Alain Cochard

Lille/ Nouveau Siècle, le 24 mars à 20 h. (diffusion en direct sur Arte)

Paris/Théâtre des Champs-Elysées – 20h. (diffusion en différé sur France Musique le 14 avril à 16h)
Infos : www.onlille.com

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Photo : DR
 

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