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​« Mozart en piste » par l’Orchestre du Palais royal – Wolfgang chevillé aux cor(p)s – Compte rendu

Fondé et dirigé par Jean-Philippe Sarcos, l’Orchestre du Palais royal fête cette année ses quinze ans. Toujours soucieux de faire entendre la musique à toutes les oreilles, des plus petites aux plus grandes, cette formation propose cette année un concert participatif, « tout public à partir de 4 ans, jusqu’au grand mélomane averti », exclusivement construit autour de Mozart. On y entend un certain nombre de tubes incontournables, extraits de concertos, de symphonies ou d’opéras, mais pas seulement, car quelques raretés se glissent aussi dans ce programme.

Après quatre représentations au Cirque d’Hiver, cadre justifiant le titre « Mozart en piste », l’Orchestre du Palais royal a repris ce concert dans un des salons du Cercle de l’Union Interalliée, rue du Faubourg Saint-Honoré. Décor tout à fait différent du bâtiment construit par Hittorff en 1852, et public tout à fait différent lui aussi, la moyenne d’âge étant plus proche de 64 que de 4 ans. Pour autant, seule la dimension participative semble avoir été évacuée, le déroulement de la soirée restant le même.

 

© Farida Bréchemier

Un narrateur se glisse dans la peau de Mozart lui-même, le bondissant Flannan Obé, bien connu pour sa participation aux spectacles d’opérette montés par le Palazzetto Bru Zane. Il retrace à grands traits le parcours du compositeur, en s’attardant logiquement sur ses séjours parisiens. La mise en scène assurée par Tami Troman fait aussi intervenir deux danseurs, la chorégraphe Blanche Giraudon et son partenaire Adrien Fougères, tantôt bergers XVIIIe, tantôt animaux sauvages, les coiffes réalisées pour l’occasion changent la danseuse en antilope et le danseur en cerf douze cors.

 

© Farida Bréchemier

Les cor(p)s sont donc présents tout au long du concert, corps dansants, mais aussi cor de cuivre, comme celui dont joue Louis Berthelot, dans le finale du concerto dédié à cet instrument. Les corps apparaissent aussi magnifiquement costumés, dans le cas des deux vaillantes chanteuses réunies pour l’occasion : Charlotte Mercier dans l’air de concert « Ch’io mi scordi di te », et Vibe Rouvet, pleine d’aplomb dans « Der Hölle Rache » ou dans l’Alleluia de l’Esultate, Jubilate. En conclusion, Flannan Obé chante même le duo Papageno-Papagena, changé en trio et dansé pour que tous les solistes s’y rejoignent.

 

© Farida Bréchemier

Avec la contribution récurrente du pianiste Orlando Bass, et sous la baguette ferme de Jean-Philippe Sarcos, le concert se déroule sans le moindre temps mort. Seul regret : pour un public a priori capable d’une attention plus soutenue que de jeunes enfants, il aurait peut-être été possible de conserver dans leur intégralité certaines pages ici abrégées, comme l’air de Suzanne, réduit à sa première moitié. Ce sera pour une autre fois, les activités de l’Orchestre du Palais royal brillant par leur régularité et leur inventivité.

Laurent Bury
 

Paris, Cercle de l’Union Interalliée, 20 mars 2025
 
Photo © Farida Bréchemier

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