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Norma en direct du Met - Cast d’exception pour une 100e - Compte-rendu
Pathé Live célèbre ses dix ans de collaboration avec le Metropolitan Opera de New York. Norma, qui ouvre la saison new-yorkaise 2017-2018, est aussi le centième opéra diffusé par satellite, en direct et en haute définition. Depuis 2007, ce qui était un pari audacieux mêlant deux genres à priori incompatibles est devenu rapidement un rendez-vous planétaire au succès jamais démenti, les salles étant presque toujours combles. Une politique tarifaire raisonnable et la sélection des titres du répertoire les plus recherchés par le grand public, alliée à des interprétations des plus grandes stars d’aujourd’hui ont contribué à la réussite incontestable du projet. Peter Gelb, le General Manager du Met a élu un cast de rêve pour cette Norma anniversaire. Sondra Radvanovsky en prêtresse gauloise, Joyce DiDonato en Adalgisa, Joseph Calleja en Pollione, sous la direction vibrante et attentive du maestro Carlo Rizzi.
© Ken Howard/Metropolitan Opera
La mise en scène, seul point discutable de cette production, est confiée à David McVicar, habitué des lieux. Le public du Met reste très conservateur et pour lui complaire, McVicar nous plonge dans une sombre Gaule de pacotille où nos ancêtres à moitié sauvages apparaissent directement issus de l’imagerie populaire, avec malgré tout une touche de Tim Burton. Il ne manque pas une moustache ni une braie aux hommes. Les femmes sont vêtues de longues tuniques très sobres. Les romains Pollione et son acolyte Flavio, sont eux en tenue de centurion. Aucune liberté avec le livret, aucune transposition à l’européenne donc…
La direction d’acteurs demeure sommaire et s’en remet à la personnalité des protagonistes. La cérémonie des druides au premier acte, avec sa transe collective des femmes est assez ridicule.
Elle semble altérer l’entrée de Sondra Radvanovsky qui doit ramper pour chanter un « Sediziose voci » peu convaincant. Mais, heureusement, le « Casta Diva » tant attendu qui suit et surtout la cabalette doublée « Ah ! bello a me ritorna » sont vraiment exceptionnels, virtuoses et passionnés. Cette scène IV du premier acte nous montre une Norma plus hallucinée qu’extatique. On tient avec la soprano canadienne une druidesse de grande classe au chant élégant et acrobatique. Elle se rie des difficultés de cette partition meurtrière considérée comme « l’Everest de l‘Opéra » par Renata Scotto, titulaire du rôle ici-même pendant les années 80. L’ombre de la Norma du vingtième siècle, Maria Callas, plane sur elle. Certaines intonations, certaines postures nous rappellent immanquablement la Divine. Ses affrontements avec Pollione sont d’une intensité dramatique et vocale sans égal aujourd’hui. Le public est subjugué par cette tragédienne hors pair à la voix idéale pour le rôle. La scène finale et les prières qu’elle adresse à son père pour sauver ses fils nous émeuvent aux larmes.
Joyce DiDonato (Adalgisa) & Sondra Radvanovsky (Norma) © Ken Howard/Metropolitan Opera
Face à elle, Joyce DiDonato campe une Adalgise exceptionnelle. Pour sa prise de rôle, le grand mezzo étatsunien affiche une forme vocale superlative comme sa consœur canadienne, pleine de nuances et de tendresse. Elle forme avec Norma un duo prodigieux où les deux amies sont enfin du même niveau, à l’instar des deux créatrices de l’opéra, Giuditta Pasta et Giulia Grisi, cantatrices légendaires. Pourquoi Joyce ne s’emparerait-elle pas un jour du rôle-titre, comme le fit la Grisi ?
Joseph Calleja, lui, campe un Pollione devenu un macho brutal et sans scrupules sous l’égide du metteur en scène. L’impavide ténor maltais joue quand même le jeu. On découvre qu’il a largement diminué son vibratello pour un timbre encore plus solaire, mais, hélas, parfois fâché avec la justesse, surtout dans ses attaques et pour sa cavatine du premier acte où il réussit un suraigu sur deux. Sa prestation reste cependant globalement très honorable dans un registre belcantiste où il excelle.
Matthew Rose est un Oroveso très lyrique et à l’humanité touchante. Sa stature de géant lui confère une dignité supplémentaire. Mention spéciale à la Clotilde de Michelle Bradley particulièrement sensible et attachante. Enfin, Carlo Rizzi à la tête des forces de l’Orchestre du Metropolitan Opera, sait admirablement insuffler sa vision à la fois tragique et intimiste du chef-d’œuvre de Bellini par une battue à l’écoute d’un cast exceptionnel.
Prochaine diffusion le 14 octobre avec la Flûte enchantée, dans la mise en scène par Julie Taymor et sous la baguette de James Levine.
Michel Slama
Bellini : Norma – 7 octobre 2017 (diffusion en direct dans 506 cinémas) / www.cinemasgaumontpathe.com/offres/nouvelle-saison-2017-2018-en-direct-de-new-york.html
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