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Paris - Compte-rendu : Boulanger, Fauré, Chausson par Minkowski, concert à demi abouti
Formidable Lili Boulanger, qui a composé la plus novatrice des Cantates que le Prix de Rome ait jamais couronnée, ce Faust et Hélène dont l’écriture savante porte déjà les fulgurances du Grand Psaume à venir. Marc Minkowski conduisit l’œuvre jusque dans ses hallucinations les plus révélatrices, disposant d’un Faust parfait en Paul Groves qui affrontait crânement et dans son beau français une tessiture meurtrière laquelle empêche bien souvent de monter l’œuvre. Naouri toujours aussi efficace dans les emplis « méphistophélesques » laissait Patricia Bardon en retrait, mais le personnage d’Hélène n’est pas le plus saillant dans cette cantate qui est en fait une scène lyrique déguisée et nous fait regretter que Boulanger n’ait eu le temps que d’esquisser le premier tableau de son opéra d’après La Princesse Maleine de Maeterlinck. Les affinités électives qui réunissent Minkowski à Lili Boulanger doivent le mener aux autres œuvres de ce corpus trop réduit, à commencer par Du fond de l’abîme.
Le concert s’ouvrait par la suite pour Pelleas et Mélisande de Gabriel Fauré, élégante, évocatrice, feutrée, ou Bardon mit toute la mélancolie voulue à sa jolie chanson anglaise. La Symphonie de Chausson qui concluait le concert fit hélas déchanter. L’œuvre est délicate surtout par sa conduction rythmique si fluctuante, et l’orchestre ne parvenait pas à lire les intentions du chef, trop préoccupé par les climax émotionnels mais ne trouvant ni les lignes de force ni les transitions naturelles. L’essentiel des répétitions fut certainement consacré à l’œuvre de Lili Boulanger, faut-il s’en plaindre ?
Jean-Charles Hoffelé
Concert de l’Orchestre de l’Opéra de Paris et de Marc Minkowski, Opéra Bastille, Paris, le 27 janvier 2004.
Photo: DR
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