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Paris - Compte-rendu : Festin symphonique, Yefim Bronfman et David Zinman

« Dans Mozart on est à poil ! », m’a un jour joliment dit un grand maître. Je pensais à cette si pertinente formule en entendant Yefim Bronfman (photo) attaquer le Concerto n°24 de Mozart à Pleyel. Pas simple d’être en aussi légère tenue dans une acoustique qui offre plus un vide qu’un espace et ne « coopère » pas avec le soliste - dont l’instrument s’avère de surcroît d’une parfaite banalité. Pas simple, d’autant que Bronfman, à l’évidence, est à contre-emploi dans l’ouvrage en question. Accoutumé à dévorer des concertos du grand répertoire romantique, son jeu paraît bien à l’étroit dans le KV 491. L’interprète veille ne pas trop en faire, mais sa prudente honnêteté se révèle bien lassante, d’autant qu’elle ignore totalement le dialogue, la complicité avec un chef pourtant attentif et soucieux de ne pas « beethovéniser » ce Mozart.

On guettait David Zinman dans Le Prince des Bois de Bartok ; l’attente aura été largement récompensée. Cette partition trop rare au concert fait appel à l’Orchestre de Paris au grand complet. La relation du chef américain avec les instrumentistes fonctionne à merveille et tous se donnent à fond (certaines mines épuisées et heureuses en fin de concert en disent long…). Zinman prend le parti d’une conception résolument symphonique du ballet du compositeur hongrois et en exalte la virtuosité et le foisonnement des timbres avec une baguette d’une impeccable précision. L’argument de Béla Balazs est un peu perdu de vue, ce qui conduit à gommer une partie du mystère et des arrière-plans du Prince des Bois. Mais impossible de faire un instant la fine bouche devant un tel festin orchestral.

Regrettons pour conclure le public bien clairsemé présent au second des deux concerts que Zinman dirigeait à l’Orchestre de Paris. Veille de week-end de Pâques, certes. Ce n’en est pas moins là une illustration des difficultés de remplissage auxquelles sont confrontées les salles parisiennes.

Alain Cochard

Salle Pleyel, jeudi 5 avril 2007

Le programme détaillé de la salle Pleyel

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