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Paris - Compte-rendu : La Fiancée vendue à Garnier- Le fils prodigue
La Fiancée vendue entre au répertoire de l’Opéra de Paris. C’est bien, mais est-ce bien fait ? Les décors très laids de William Orlandi avec son méchant Luna Park en fond de scène donnent la couleur d’un spectacle sans invention et sans trahison : Gilbert Deflo suit l’action pas à pas, besognant comme il peut dans le joli livret de Karel Sabina, invite son cirque au III – avec la bénédiction de Smetana –, en profite pour aveugler son public avec des phares d’automobile ce qui rend le spectacle dudit cirque invisible à moins d’un masochisme oculaire avéré, et réussit au moins une chose, la relative transformation de ce benêt de Vasek en une sorte d’Auguste. Bien vu.
Mais pour le reste la convention et donc l’ennui vous tiennent la main jusqu’au bout d’un spectacle qu’on a déjà oublié. Musicalement la fête est incertaine : chœurs en désordre mais ballets brillamment réglés – par Micha van Hoecke – une Majenka touchante, mais Christiane Oelze n’a absolument pas la voix d’un rôle qui exige un tout autre médium et simplement un soprano plus grand, un excellent Christoph Homberger pour le rôle de Vasek qui peut tourner rapidement à la caricature mais qu’on trouve ici habité par un vrai personnage, un impayable Heinz Zednik en Directeur de Cirque, une délicieuse Esmeralda (Amanda Squitieri, à suivre), et des comprimari tous en verve (Helene Schneiderman en particulier). Franz Hawlata se garde de charger son Kecal, et il fait bien, son autorité naturelle suffit pour faire un marieur presque inquiétant et vocalement somptueux.
Reste Jenik : Ales Briscein n’a pas les aigus de grâce que veut le rôle, mais son côté garçon des rues, La Fiancée vendue c’est au fond son histoire ; le retour d’un fils prodigue - est idéal, et cette voix au médium plein, qui dit son texte avec ardeur va comme un gant au personnage. Vrai problème : le bras lourd de Jiri Belholavek enterre dès l’ouverture toute la production. Qu’un si grand chef, tchèque de surcroît, puisse diriger ce chef d’œuvre du répertoire de comédie en marquant la mesure et en oubliant toute légèreté et tout brio reste un mystère inexplicable.
Jean-Charles Hoffelé
Bedrich Smetana, La Fiancée vendue - Palais Garnier, le 14 octobre, puis les 17, 19, 22, 26, 28 31 octobre et le 2 novembre 2008
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Photo : S. Mathé/ Opéra national de Paris
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