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Paris - Compte-rendu - Le violon épanoui de Kirill Troussov
Le cycle Brahms/Bartók entrepris par Daniele Gatti lors de sa première saison avec l’Orchestre National de France mettait en perspective, pour ce concert du 12 mars, la 3e Symphonie de Johannes Brahms, le 1er Concerto pour violon et la Suite de concert du Mandarin Merveilleux du compositeur hongrois. Tout semble d’ailleurs opposer l’esthétique post-romantique de l’un aux innovations radicales de l’autre, désireux de couper avec la tradition germanique. Dans la symphonie de Brahms, Gatti fait preuve d’un bel envol fougueux, chantant et énergique (Allegro con brio) qui se tarit dans les mouvements intermédiaires (un Andante assez pesant, un Poco Allegretto qui oublie le tempo de la marche et s’enlise progressivement). Toutefois, dans l’Allegro final, il renoue avec l’éclat conquérant mais bouscule parfois la mise en place.
Le Concerto pour violon n ° 1 de Bartók (datant des années 1907-1908 mais créé de manière posthume en 1958) est une œuvre de transition un peu paradoxale qui tient de la fantaisie et semble hésiter entre Franz Liszt, Richard Strauss et une écriture plus moderne. Le jeune violoniste russe Kirill Troussov (photo) remplace Gidon Kremer qui a décidé de suspendre ses activités jusqu’à l’automne 2009. Il se montre d’une élégance de style et d’une grande tenue tout au long des deux mouvements (Andante sostenuto puis Allegro giocoso) joués avec une justesse constante et une pudeur que Bartók aurait sans doute appréciée.
D’un autre climat est la pièce intitulée Musique pour violon et orchestre en un mouvement du compositeur Rudi Stephan, mort en 1915 à l’âge de vingt-huit ans dans les tranchées allemandes. Accompagné avec tact, le soliste manifeste les mêmes qualités de phrasé, de musicalité, sans jamais chercher à se mettre en avant dans cette œuvre aux épisodes contrastés alternant densité sonore et finesse de timbre.
Pour clore, la Suite de concert du Mandarin Merveilleux de Bartók, enlevée avec maestria par un chef bien secondé par la fougue de son premier violon Sarah Nemtanu et des musiciens du National chauffé à blanc, ne vise ni à la subtilité ni à la clarté. Daniele Gatti y retrouve pourtant le lyrisme et la frénésie surtout dans la course finale, orgiaque, qui déclenche l’enthousiasme recherché.
Michel Le Naour
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 12 mars 2009
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Photo : DR
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